Aussi, pour atténuer cette défiance, plus que justifiée, à l'égard des promesses des pouvoirs publics, ces derniers ont-ils fait suivre leurs engagements par des actions concrètes en décidant de réduire le nombre de documents exigés dans le dossier de délivrance du passeport biométrique, avec la promesse d'autres initiatives du genre, à venir. Le ministre en charge de cette réforme du service public, Mohamed El Ghazi, qui est rattaché directement au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, annonce le lancement d'un programme impliquant tous les ministères auxquels il est demandé d'élaborer dans les plus brefs délais leurs plans de réforme qui devront être soumis à une commission interministérielle. Et en moins de six mois depuis la création de ce ministère qui a fait de la lutte contre la bureaucratie et les lourdeurs administratives sont cheval de bataille, les premiers résultats arrivent. M. El Ghazi a, en effet, annoncé, lundi dernier à Tipasa, que les plans d'action de la Commission interministérielle de la réforme du service public seront adoptés «au plus tard durant la semaine prochaine», a affirmé le ministre cité par l'APS. «20 ministères ont parachevé leurs plans de réforme, dans l'attente de la réception des plans de six autres pour adoption», a-t-il ajouté. M. El Ghazi expliquera que les ministères ont travaillé sur une feuille de route englobant 7 axes que son département a élaboré et mis à leur disposition. La «facilitation et simplification des procédures, par le biais de propositions à soumettre à la Commission», est la recommandation principale de la feuille de route. Quant aux axes de travail, ils portent principalement sur la simplification, voire l'annulation, de certains documents officiels, la numérisation des fichiers, l'implication du citoyen, la diffusion et la libre circulation de l'information, la communication et l'amélioration de l'accueil des citoyens. Sur le terrain, le travail de débureaucratisation et d'allègement administratifs se poursuit. Dans cette perspective, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, a annoncé, lors de la présentation à l'Assemblée populaire nationale (APN) du projet de loi sur les titres et documents de voyage, que «certains décrets exécutifs seront, soit mis à jour, soit amendés, dont celui qui sera soumis prochainement au gouvernement portant sur la réduction à 13 au lieu de 36 des documents demandés au citoyen». Mieux, un autre décret exécutif, qui sera soumis au gouvernement, devra mettre fin à ce calvaire de la légalisation des documents exigés partout et par tous. Dès lors, toutes les institutions publiques qui établissent des documents, quelle que soit leur nature, n'auront plus à réclamer leur légalisation, ce qui ne manquera pas de désengorger les mairies vu que c'est aux services d'état civil qu'atterrissent tous les documents à légaliser. Quant au projet de loi sur les documents et titres de voyage M. Belaïz a indiqué, qu'en plus du prolongement de la durée de validité du passeport de 5 à 10 ans, le projet de loi stipule qu'il est «exempt de toute enquête dès lors qu'il est du droit de tout Algérien d'obtenir un passeport et de circuler à l'intérieur et à l'extérieur du pays». Par ailleurs, dans le même cadre de débureaucratisation et modernisation de l'administration «l'Etat se dirige progressivement vers l'adoption du matricule unique national dont sera doté chaque citoyen depuis sa naissance», a ajouté le ministre. Concernant les documents d'Etat civil, le ministre de l'Intérieur a annoncé que les citoyens pourront désormais les retirer de la municipalité la plus proche. «Toutes les conditions techniques pour le retrait de documents d'état civil de la municipalité la plus proche sont réunies [...], l'opération sera lancée robablement le mois prochain», affirmera-t-il ajoutant que son département travaille à «la réduction des délais de délivrance des documents aux citoyens et en particulier le passeport biométrique qui devrait être délivré en 24 heures». C'est ce qu'on appelle de bonnes nouvelles. Mais combien de bonnes nouvelles ont été transformées en cauchemars par des agents et même des responsables qui n'ont cure des directives, circulaires ou décrets ? C'est ce hiatus entre le sommet et la base de la pyramide administrative qui est la première cause des blocages. Le contrôle et le suivi pour garantir l'application et le respect des lois à tous les niveaux doivent être permanents et généralisés. Autrement, la réforme du service public suivra le même cheminement et se perdra dans les labyrinthes de la bureaucratie. H. G.