Nasser Hannachi Depuis sa mise en service en juillet 2013, le tramway de Constantine sert une bonne partie de la population. Les avis sur l'utilité de ce moyen divergent selon que l'on est situé aux abords des points des 10 stations ou, au contraire, l'on se trouve excentré. Les étudiants et les habitants de Zouaghi notamment en tirent profit. Pour le reste, c'est-à-dire la nouvelle ville où la population est concentrée, le recours aux bus et aux taxis légaux ou clandestins reste la solution idoine en attendant la finalisation des études d'extension du tramway. Tandis que la ville est obstruée d'automobiles hétéroclites, les rames du tramway se propulsent allègrement sur un linéaire de près de 9 km. De la station du stade Benabdelmalek à la station multimodale de Zouaghi, en construction, à proximité du plateau de Aïn El Bey. Mais sans grand énervement, loin des chaussées polluées et des files automobiles interminables, du moins pour les usagers chanceux résidants aux environs des 10 stations, dont Filali, Ciloc, Kadour Boumedous, université Mentouri.... «Depuis la mise en service des rames, on respire sur ce tronçon», avouera un habitant de Zouaghi qui, d'habitude, se faufilait au coude à coude pour se procurer une place dans un taxi clandestin. «Je m'en réjouis. Certes ce n'est pas express, mais ça circule. Il suffit de bien aménager son temps pour être au rendez-vous à son travail ou à l'école», a-t-il ajouté. Avec les 27 rames du tram, d'une capacité de 6 800 passagers par heure dans les deux sens, une partie de la ville est désengorgée. Les Constantinois l'utilisent sans modération. Et les étudiants en ont fait leur moyen de locomotion privilégié, eux, dont l'attente était longue d'habitude aux alentours des espaces de bus et de taxis pour rallier le centre-ville, l'université ou les résidences universitaires. A 40 DA le ticket, ce projet, qui a occasionné autant de désagréments au niveau de ses chantiers, se trouve cependant adopté différemment par la population locale. Il y a des personnes qui voient en cet acquis une dépense publique de trop, injustifiée pour la simple raison que le problème du transport perdure dans cette ville malgré l'ouverture en parallèle de plusieurs trémies. Celle de Zouaghi, à titre d'exemple. Le tramway a fluidifié la circulation, voire facilité le déplacement. Mais de l'autre, il a écorché des chaussées pour la pose de ses rails, font remarquer quelques riverains et conducteurs automobiles. «Le problème perdure au niveau de la cité Filali. Les concepteurs du projet n'ont pas envisagé un crochet permettant aux voisins d'éviter le bouchon qui se forme à toute heure de la journée», martèle un citoyen. Et l'exiguïté des routes malmène souvent les véhicules prioritaires, notamment ambulances et camions de la Protection civile. Ce sont deux aspects négatifs de ce moyen de transport, aussi utile soit-il, mais gênant sur quelques mètres de son linéaire, approuvent quelques individus. Au demeurant le tramway rend service, et à moindre effort. Le constat serait satisfaisant si l'on plaçait le projet dans sa politique globale, dans une ville où la situation du transport est chaotique. «Franchement, il me rend grand service. Ma voiture demeure garée tout le long de la semaine. Je prends le tram chaque matin, cela m'arrange», témoigne un architecte travaillant au centre-ville et habitant les environs d'Aïn El Bey. A travers la mise en service de ce moyen en juillet 2013 et bien avant, les responsables du transport avaient parié sur une utilisation «rationnelle» des véhicules empruntant le même tracé des rames, afin de réduire un tant soit peu le flux. Il n'en est rien. Cette culture n'est pas encore ancrée dans les us des citoyens qui continuent à utiliser leurs voitures fut-ce pour des déplacements ordinaires. Les chaussées sont toujours pleines de véhicules. Les deux lignes inscrites par les pouvoirs publics et attendues reliant la ville à l'aéroport Mohamed-Boudiaf et à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, où la démographie est importante, apporteront d'ici peu d'années une réelle bouffée d'oxygène. Aux dernières nouvelles le bureau d'étude espagnol en charge de la ligne Zouaghi -Aïn El Bey peaufine son esquisse avant l'entame des appels d'offre. Du moins les responsables affichent un satisfecit à rendre la destination Aïn El Bey et Ali Mendjeli aérée. Le tramway de Constantine a agrémenté quelques contours de la ville sans avoir garanti aux automobilistes une circulation sans peine. Les axes routiers les plus prisés jouxtant le projet suffoquent toujours. N. H.