Un enregistrement audio d'une interview accordée par Kadhafi en mars 2011 révèle que le président français de l'époque aurait eu recours à un financement octroyé par la Libye pour sa campagne présidentielle. Cela ne fait que corroborer la thèse selon laquelle Kadhafi a bien été exécuté par ceux qui appréhendaient un procès de l'ex-homme fort de Tripoli. Il fallait faire taire un prisonnier de luxe qui pourrait s'avérer trop loquace. «C'est nous qui lui avons fourni les fonds qui lui ont permis de gagner», «il est venu me voir alors qu'il était ministre de l'Intérieur. Il m'a demandé un soutien financier», énonce la voix de Kadhafi à son intervieweuse. L'accusation avait déjà été avancée par Seif al-Islam, le fils de Kadhafi, dans un entretien à Euronews en mars 2011, disant qu'il faut que Sarkozy «rende l'argent» qu'il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. Les non-dits et autres zones d'ombre, toujours soigneusement occultés, dans la guerre qui a ébranlé la Libye voisine ne sont pas décortiqués sur les médias occidentaux ni sur certains canaux de télévisions du Golfe. Ceux qui ont hurlé avec les avions de l'Otan sont aujourd'hui peu loquaces. Que dire d'un pays en miette alors que le mot d'ordre était alors, dans le sillage du fameux printemps arabe, «il faut détruire le régime pour installer la démocratie». Le fait est que les relations particulières entre le clan Kadhafi et d'autres sphères ne se limitaient pas aux dirigeants français, mais s'étendaient à ceux d'autres pays comme l'Italie et la Grande-Bretagne. La chute du régime de Kadhafi à la suite d'une intervention extérieure menée par l'Otan n'a pas, cela est apparent, débouché sur une démocratie. Elle a produit une situation de non-Etat avec des milices en armes sur fond de bataille pour le partage de la faramineuse rente libyenne. Où sont la liberté et la démocratie promises au peuple libyen plus que jamais déchiré ? Nicolas Sarkozy et les responsables français qui ont déclenché l'opération militaire contre la Libye se cantonnent aujourd'hui dans un étrange silence. Ils se détournent du chaos libyen comme un docteur folamour qui refuse de regarder son «chef-d'œuvre». Le personnage Bernard Henry Levy qui a eu un rôle absolument incroyable dans la déstabilisation de la Libye, avec l'assentiment des responsables politiques, est également aujourd'hui bien silencieux face au chaos libyen. Aujourd'hui tous ces acteurs ont pour seul slogan, résonnant cruellement dans le désordre libyen, «ni responsable ni coupable!» M. B.