Les candidatures s'emballent à quelques semaines de la validation définitive du Conseil constitutionnel des dossiers formulés pour la présidentielle 2014. Actuellement, ils sont près d'une centaine de postulants à la candidature pour la présidentielle du 17 avril prochain, dont 18 présidents de partis politiques. Pour briguer un mandat présidentiel, les candidats sont tenus, conformément à la loi, soit de présenter une liste comportant au moins six cents signatures individuelles de membres élus d'assemblées populaires communales, de wilayas ou parlementaires réparties au moins à travers vingt-cinq wilayas, soit de collecter 60 000 signatures individuelles d'électeurs recueillies à travers au moins vingt-cinq wilayas. Combien d'entres eux réussiront-ils ce challenge ? Une tâche difficile pour les nouveaux arrivants sur la scène politique. D'ici le 4 mars prochain, le tri sera fait. Seuls les candidats ayant une certaine aura et un poids dans l'échiquier politique verront leur candidature validée. Lors des élections précédentes, ils étaient entre 4 et 7 candidats à se présenter officiellement après validation du Conseil constitutionnel. Pour avril 2014, ils seront peut-être moins. Déjà que les islamistes sont hors jeu pour la prochaine échéance électorale. Certains, faut-il le rappeler, ont opté pour le boycott, d'autres ont choisi le silence radio. C'est le cas notamment d'Abdallah Djaballah, le vétéran des militants islamistes qui reste terré dans son coin et n'a fait aucune sortie publique depuis longtemps. Abderrazak Mokri, le nouveau guide du MSP, a décidé le boycott. Bouguerra Soltani, et depuis qu'il s'est retiré de la présidence du parti, semble être en marge de la vie politique. Il y a aussi le silence du président Bouteflika qui n'a toujours pas confirmé ou infirmé les rumeurs concernant son éventuelle candidature à l'élection présidentielle d'avril prochain. Reste donc les candidatures de Louisa Hanoune, Benflis, Touati ou encore Sofiane Djilali et Benbitour qui semblent à même de récolter les signatures exigées des électeurs. Mais dans l'Algérie de 2014, aucun citoyen, ni observateur ne s'attend à ce que parmi l'un de ces noms, sortira le futur président de la République. Ces derniers sont ou convaincus que la démocratie est loin d'être consacrée en Algérie ou persuadés que l'Etat-providence doit perdurer. En réalité, tout le monde attend la décision du président Bouteflika. Dans le cas où il décide de ne pas se présenter, tout le monde attendra le candidat qui sera alors désigné comme candidat du pouvoir. Celui qui sera plébiscité par le clan présidentiel et considéré comme le dauphin d'Abdelaziz Bouteflika. Cet attentisme démontre, à plus d'un titre, qu'il y a ou un manque de maturité politique dans ce pays ou une volonté explicite d'ignorer la chose politique. Sinon comment s'expliquer que pour une échéance électorale aussi importante que celle du 17 avril prochain, il ne s'agit pas pour l'ensemble des Algériens d'aller choisir l'homme ou la femme à qui ils vont confier leur destinée pour au moins les cinq ans à venir mais d'attendre, tacitement, le choix qui leur sera imposé «démocratiquement». En fait, le peuple blasé d'être considéré, depuis l'indépendance comme «mineur», a décidé de tourner le dos à ses dirigeants. Il a choisi de continuer à vivre son quotidien loin des «magmas» qui bouillonnent en haut lieu. L'attente de découvrir le «candidat-président» est, en fin de compte, une question de curiosité et d'angoisse pour le simple citoyen. Une angoisse qui grandit chaque jour qui passe et qui rapproche l'Algérie de la présidentielle au moment même où une guéguerre clanique a éclaté au grand jour dans les médias. Les attaques contre celui réputé d'être «le faiseur de Présidents» met à mal le pays. De nombreux hommes politiques et observateurs affirment que les attaques menées par le secrétaire général du FLN contre le chef du DRS confirment le désaccord entre cette institution et le clan présidentiel sur le choix du futur président de la République. Si réellement le désaccord existe, le risque d'une campagne de déstabilisation à grande échelle pour saboter le projet politique des partisans du clan présidentiel risque de déborder sur le terrain et donner lieu à des actes de violence. Dans le cas contraire, tout ceci ne serait qu'une mise en scène bien réfléchie qui permettrait de mener à bien une campagne électorale qui a déjà été engagée depuis quelques mois et dont le slogan est «la stabilité». Pas besoin d'être un as pour deviner. H. Y.