Mohamed Rahmani 15 projets, relevant du secteur de la culture à Annaba, sont en souffrance depuis des années et ce n'est que très récemment que la direction de wilaya de la culture en a réactivé quelques-uns pour «relancer des études et des enquêtes sur le terrain». Ainsi, les vestiges de l'antique Hippone, qui sont situés à un jet de pierre de la Basilique Saint-Augustin, périclitent et «tombent en ruines», alors que cette dernière a été complètement restaurée et brille aujourd'hui de tous ses feux, ont finalement bénéficié d'une attention particulière de la part des responsables locaux. Envahies par les mauvaises herbes qui ont conquis tous les espaces recouvrant ces «pierres qui parlent et racontent notre histoire antique». Des flaques d'eau enfouissent un peu plus des vestiges et des colonnes qui s'effondrent faute de restauration. Une équipe d'experts et d'archéologues a été récemment dépêchée expressément d'Alger pour faire un diagnostic de la situation et établir un rapport détaillé quant à la prise en charge financière nécessaire pour sauver le site. La vieille ville, un livre d'Histoire grandeur nature ouvert, n'est guère mieux lotie, bien que la cité soit classée patrimoine national. Des maisons datant des 17e et 18e siècles tombent en ruines et s'effondrent faisant disparaître avec elles des pans entiers de l'histoire de la ville, de la région et du pays. Son caractère particulier, ses ruelles sinueuses, ses maisons au style architectural mauresque, ses portes massives sculptées surmontées d'inscriptions coraniques commencent à disparaître. Le béton est passé par là. On détruit ce que nos ancêtres ont bâti. Là aussi, on commence à s'intéresser à la sauvegarde de cet héritage qu'on n'a pas su préserver et valoriser. Une étude a été demandée en vue de la restauration du site pour en faire un haut lieu du tourisme local. Quant au musée pluridisciplinaire qui devait voir le jour il y a quelques années, il est encore à l'état de projet et on en est encore à l'étude qui n'en finit pas de finir. La citadelle hafside, la mosquée Abou Marouane, le Fortin, autant de sites historiques qui attendent que l'on daigne s'occuper d'eux. Mais, visiblement la culture n'est pas pour nos responsables «une urgence». Elle peut attendre, sauf que le temps, lui, poursuit son œuvre destructrice faisant planer sur ces vestiges la menace d'une disparition totale. La culture à Annaba est aujourd'hui en jachère, elle continue son bonhomme de chemin vers le néant. M. R.