La moudjahida Zohra Drif a été, hier, l'invitée d'honneur de l'ouverture de la semaine culturelle organisée par les éditions Anep au Centre Mustapha-Kateb. Lors de la rencontre, Mme Drif a présenté ses mémoires, publiés aux éditions Chihab, avant d'engager le débat avec l'assistance. Une occasion pour la moudjahida de lancer encore une fois un appel à la jeunesse pour un sursaut patriotique et aux anciens combattants et combattantes pour écrire leurs mémoires. Elle ne manquera pas de répondre aux accusations de Yacef Saadi qui ont suscité la polémique récemment. Mme Drif commencera son intervention en soulignant que «la génération de 1954 n'est que l'aboutissement de plusieurs générations d'Algériens qui ont combattu le colonialisme dès 1830». «Il est important que la jeunesse algérienne prenne conscience de cela, que les jeunes ne succombent pas aux discours déstabilisateurs qui glorifient la France coloniale. Il est important que la jeunesse prenne conscience que le colonialisme français avait tout fait pour déshumaniser les Algériens en les acculturant et les réduisant au rang d'animaux, même les animaux avaient plus de valeur qu'un Algérien», martèlera-t-elle. «La nouvelle génération doit prendre conscience que l'Indépendance de l'Algérie n'a pas été offerte sur un plateau, mais qu'elle a été arrachée, qu'elle se paye, qu'on doit se sacrifier pour elle et que la liberté n'a aucun prix et qu'il faut la préserver à tout prix», ajoutera-t-elle. Concernant les accusations de Yacef Saadi, qui avait accusé Zohra Drif de trahison, la moudjahida dira que «ce genre d'accusation ne m'atteint pas, mais je dois répondre au nom de mon combat légitime et au nom du peuple algérien que ces deux lettres sont fausses. L'une est datée de la mi-septembre et l'autre du 18 septembre 1957. Or, à ces deux dates, j'étais libre et je vivais avec Hassiba Ben Bouali, le Petit Omar, Bouhamidi et Yacef. J'ai été arrêtée dans la nuit du 24 septembre 1957 à 4h. Par conséquent, pourquoi j'aurais écrit à Hassiba, qui était avec moi, deux lettres pour lui demander de se rendre. Et je souligne que ces deux lettres ont été retrouvées dans le dossier ‘'Guerre psychologique'' au sein du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage. A cause de cette manipulation et de la terrible ‘'Bleuite'' à l'origine des conflits internes dans les rangs des combattants algériens et des exécutions au sein du FLN/ALN et qui ont anéanti la Zone autonome et les Wilayas III et IV, à cause de cette opération machiavélique, nous avons perdu une grande partie de notre élite». Zohra Drif ajoutera avec fermeté : «Nous devons défendre la mémoire de nos Martyrs. J'ai la chance de répondre parce que je suis encore vivante. Mais Fatiha Bouhired, Oukhiti veuve du chahid Mustapha Bouhired, qui a été abattu devant ses yeux et elle a vu le sang de son mari gicler sur les murs, cette femme d'un grand courage, qui a risqué sa vie alors qu'elle avait cinq enfants en bas âge, qui a été horriblement torturée par les paras et ayant fait preuve d'un courage exceptionnel au moment où les paras nous encerclaient, je ne peux permettre qu'on salisse sa mémoire, car aujourd'hui elle est morte et ne peut se défendre. C'est pour cela que je lance un appel pour que les moudjahidate apportent leurs témoignages.» S. B.