Les chiffres sur la sécurité routière pour l'année 2013 sont catastrophiques et ce n'est pas peu dire pour un pays dont les responsables sont prompts à plastronner dès qu'une légère baisse dans le nombre des accidents de la route est enregistrée. Les 42 846 accidents, 4 540 morts et 69 582 blessés comptabilisés l'année dernière -et qui placent l'Algérie parmi les pays au monde les plus touchés par les accidents de la route- sont tout simplement épouvantables et révèlent l'échec de la politique, de la stratégie ou du programme -l'appellation importe peu- de lutte contre «le terrorisme routier» que les pouvoirs publics ont annoncé avoir mis en place. Ni les opérations de sensibilisation ni la multiplication des radars, et encore moins la menace du retrait du permis de conduire n'auront eu raison de l'inconscience d'automobilistes qui continuent de rouler à tombeau ouvert, le téléphone vissé à l'oreille sans se soucier des dangers qu'ils font peser sur leurs concitoyens. Ou de l'aveuglement de chauffeurs de poids-lourds et de cars de voyageurs qui, soumis à des impératifs économiques, relèguent au second plan la valeur de la vie humaine. L'augmentation soutenue du parc automobile, l'absence ou la médiocrité de la signalisation routière, le mauvais état du réseau routier, l'insuffisance de la formation dans les auto-écoles comptent également parmi les autres facteurs qui ont mené à cette escalade. Mais, pour beaucoup d'observateurs, le recul manifeste des services de sécurité a également joué un rôle majeur dans cette hécatombe. «Lors de la promulgation de la nouvelle loi sur la circulation routière en 2009, nous avions enregistré une diminution du nombre d'accidents, de morts et de blessés de l'ordre de plus 30%. Une année après, nous sommes malheureusement retournés à la case de départ !», avait notamment déploré le directeur général de l'Etablissement national de contrôle technique automobile dans un entretien radiophonique en 2012, en appelant à l'application stricte de la réglementation et au durcissement des sanctions contre «les délinquants de la route». Ce responsable, comme beaucoup d'autres Algériens, aura ainsi constaté que Police et Gendarmerie nationales n'étaient plus aussi pointilleuses sur l'application du Code de la route. Chaque année, entre 650 000 à 700 000 nouveaux véhicules sont mis en circulation et, selon les prévisions officielles, le nombre de voitures pourrait dépasser les 20 millions à l'horizon 2020-2025 contre (seulement) 8 millions, aujourd'hui. Faut-il alors craindre plus d'accidents, davantage de victimes ? En l'absence d'une politique des transports claire et d'une sécurité routière efficace, les Algériens n'auront malheureusement pas fini de compter leurs morts. S. O. A.