Quatre syndicats de l'Education nationale se sont rencontrés hier sur le terrain de la contestation. L'Unpef (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation) qui est à sa troisième semaine consécutive de grève. Le Cnapeste (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique élargi) qui poursuit sa grève d'une «journée renouvelable». Une expression qui veut dire simplement «grève illimitée». Le Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) a reconduit son débrayage de trois jours de la semaine dernière et l'a prolongé d'un jour, cette semaine, soit dimanche, lundi, mardi et mercredi. Le CLA (Conseil des lycées d'Algérie) a organisé une seule journée de protestation hier. Contrairement aux autres jours où le mouvement a été peu suivi à Alger, l'arrivée du CLA a quelque peu changé la donne. Des établissements du secondaire, jusque-là indifférents, ont répondu à l'appel. C'est le cas, par exemple, des lycées Rouchaï-Boualem à Belouizdad, Ibn El Haithem, au Ruisseau, le Technicum de Hydra, Ibn Nass à Sidi M'hamed et d'autres encore à Sacré-cœur, Bobillot...et d'autres localités. À El Biar, des enseignants du moyen avaient décidé de surseoir au mouvement de contestation, chose faite dimanche. Hier, ils ont repris la grève et ont été suivis par d'autres qui, habituellement, ne s'y intéressaient pas. «Ils l'ont fait par solidarité aux enseignants grévistes malmenés par la tutelle dont Sadek Dziri, le président de l'Unpef. Au lieu de décourager les enseignants, les menaces de la tutelle les ont confortés dans leur décision de poursuivre la protestation. Leurs revendications premières désormais sont le respect des libertés syndicales et l'ouverture de négociations sérieuses avec les responsables du ministère pour une résolution définitive du problème», rapporte une enseignante du CLA. Au lycée Emir Abdelkader, habituellement acquis au CLA, les enseignants ont assuré les cours normalement. «Non, il n'y a pas de grève au lycée. Tout le monde travaille», indiquent deux lycéennes. Un employé de l'établissement confirme ce constat. Au lycée ex-Delacroix, à Alger-Centre, la grève des quatre syndicats n'est suivie par aucun enseignant ou autre travailleur. «Un seul syndicat est dans ce lycée et c'est bien le CLA. À ce qu'il paraît, une AG a été organisée et il a été décidé que la grève ne sera observée que s'il y a vote à l'unanimité. Ce n'était pas le cas». «Des enseignants se sont opposés à l'action contestataire. Alors, c'est tout le monde qui a décidé de ne pas faire grève. Je pense que c'est une erreur du syndicat de procéder ainsi pour la simple raison qu'il n'est pas possible que tous les enseignants se mettent d'accord sur une même démarche ou un même point. Des gens approuvent, d'autres désapprouvent», rapporte la même enseignante. Depuis dimanche dernier, des mises en demeure enjoignant aux grévistes de reprendre les cours dans un délai maximum de 48 heures sont envoyées aux concernés. Et ces derniers les ont reçues et pris connaissance du contenu. «Généralement, il y a une première mise en demeure, puis une deuxième, mais la troisième c'est la radiation. Ce qui nous étonne, c'est que les mises en demeure sont envoyées par l'administration quand il y a cas d'absences répétées. Ce n'est pas notre cas. Nous considérons donc que cette manière de faire est inacceptable parce qu'illégale et non justifiée», s'élève une autre enseignante. La tutelle continue dans ses mesures «répressives», envoyant ainsi des mises en demeure et menaçant les enseignants en grève de radiation. Dans certains établissements, des proviseurs aménagent, presque discrètement, des cours pour les élèves dont les enseignants font grève. «C'est la seule manière de leur éviter les cours de rattrapage qu'eux, d'ailleurs, refusent surtout s'ils leur sont proposés pendant les vacances», rapporte le directeur d'un établissement scolaire d'une wilaya autre qu'Alger. Les syndicats s'entêtent. La tutelle autant. Et les seules qui en paient les frais sont les élèves, constamment pris en otage, quoique disent les uns et les autres. Les parents d'élèves continuent d'exprimer leur indignation. Après avoir longtemps appelé à la sagesse, ils menacent de recourir à la justice et déposer plainte contre les grévistes. Rien n'est décidé officiellement, mais il y a un grand risque que la situation s'envenime. Les élèves, non plus, ne comptent pas se laisser faire. Le deuxième trimestre de l'année scolaire 2013-2014 approche de sa fin. L'année aussi. Il ne reste pas grand-chose ni pour les enseignants ni pour les élèves pour rattraper les cours. Ce sera une véritable course contre la montre et des deux côtés, enseignants et élèves, le sacrifice sera des plus lourds. K. M.