Samir Ould Ali Si la solidarité du mouvement associatif oranais envers les sans domicile fixe (SDF) peut s'exprimer, d'hiver en hiver, à travers de rares distributions de repas chauds, il n'existe pas d'associations exclusivement dédiées à la prise en charge de cette frange de la société comme il en existe qui sont «spécialisées» dans la défense des droits de la femme ou de l'enfant, la préservation du patrimoine, la promotion de la lecture ou encore la protection de l'environnement. La «section SDF» se fondant, généralement, dans l'intitulé plus large de prise en charge de personnes en difficultés, dans le cahier des charges des associations à caractère social. C'est, par conséquent, aux associations caritatives qu'incombe la responsabilité de militer pour l'amélioration du sort des SDF. Or, comme on a pu le déplorer depuis longtemps, ce genre d'association n'est pas légion à Oran, encore moins celles qui activent régulièrement et de manière soutenue en faveur des sans domicile fixe (d'ailleurs, en décembre 2012, 2 197 associations sur les 3 630 répertoriées ont été dissoutes en raison de leur longue inactivité et du non-renouvellement de leurs statuts). Il existe bien quelques groupes qui, de loin en loin, lancent des opérations de solidarité, notamment pendant le mois de Ramadhan ou en période de fêtes religieuses, mais rarement dans un cadre organisé et régulier. Les hivers étant de plus en plus rudes - les opérations du Croissant Rouge algérien ne suffisant pas à contrer l'ampleur du drame et Diar Rahma ne répondant pas aux besoins des SDF - des citoyens anonymes, des jeunes en particulier, ont décidé de prendre le taureau par les cornes et d'investir le «créneau» du soutien aux SDF, avec l'altruisme comme unique moteur de leur action. Ainsi, en l'espace de trois ans, nous avons assisté à l'éclosion d'au moins trois groupes : l'Association des jeunes intellectuels, les Amis des pauvres et Helpiste, qui ont exprimé leur désir de venir en aide aux SDF, notamment à travers la distribution de repas chauds et de vêtements. Mais leurs actions -pour certaines, visibles à travers les réseaux sociaux- restent limitées parce que dépendant de la générosité des particuliers qui, parfois, fait défaut. L'expérience a notamment été vécue par les Amis des pauvres qui ont dû faire un appel à travers la radio locale pour que, momentanément tarie, l'aide en denrées alimentaires reprenne. Née pendant l'hiver de 2010, cette organisation affiche, aujourd'hui, des statistiques impressionnantes: 1 600 plats chauds distribués pendant l'hiver 2011-2012 et, déjà, 11 000 plats pour l'hiver en cours. Beaucoup estiment pourtant que ces initiatives gagneraient à être canalisées et encadrées par les pouvoirs publics à travers la direction de l'action sociale qui, de son côté, s'échine à apporter son assistance aux SDF : «Plutôt que de travailler dans la dispersion, ces initiatives pourraient venir en appoint aux opérations réalisées par l'Action sociale et le Croissant Rouge algérien. A mon avis, ce serait beaucoup plus efficace et, avec un peu de bonne volonté, on assisterait à l'avènement d'un mouvement massif d'aide aux SDF et aux démunis», estime cet observateur avec optimisme. Plus que jamais, pouvoirs publics et société civile sont, en effet, interpellés pour imaginer et mettre en place une stratégie qui permettrait aux SDF - avec l'afflux des subsahariens, le nombre des SDF est aujourd'hui estimé à 1 400 - de trouver un repas chaud et un gîte convenable. Au moins, pendant l'hiver. S. O. A.