Paru chez les éditions El Maarifa, Madaure est le premier roman de notre confrère Lyes Menacer. En effet, Lyes que nos lecteurs ont l'habitude de lire dans la rubrique internationale, à tourné le dos, le temps d'un roman, aux maux de l'univers pour nous livrer son premier ouvrage littéraire. Portant le nom de la cité antique de Souk Ahras, terre natale d'Apulée le premier romancier de l'histoire, ce roman nous entraîne dans une spirale infernale où de multiples personnages sont mis en avant. Ecrite sur fond musical, cette œuvre relate la tourmente de quatre femmes qui n'arrivent pas à faire le deuil de leurs époux disparus. Cependant, ce que ces femmes ignorent, c'est qu'elles ont été victimes d'un seul homme aux identités multiples. Autour des histoires de Dassine, Damia, Zahra et Nadjet, d'autres personnages viennent ajouter leur grain de sel. Dans son écriture, le romancier laisse transparaitre un engagement sans faille et une passion infinie pour la femme. Point de lamentations, ni de pitié, le lecteur est face à des femmes blessées dans leurs amour propre, mais qui résistent dans un milieu et une société sans merci. D'abord, il y a Damia, fille d'un ancien ambassadeur qui a mis fin à sa carrière brutalement. Changement de mode de vie aussi brutal, elle est mère de deux filles Mina et Neila qu'elle tente d'entretenir tant bien que mal. Quant à son époux, il a tout simplement quitté le domicile sans crier gare. L'auteur nous raconte par la suite la vie de Nadjet, une femme seule et meurtrie par le départ de son époux peu avant la naissance de leur bébé. On fera par la suite la connaissance de Zahra, épouse d'un syndicaliste qui travaille au port, lui aussi il a disparu. Et enfin, il y a Dassine fille d'émigré obligée de rentrer au bercail pour l'enterrement de son époux. Ces quatre femmes très différentes les unes des autres se partagent quand même un point commun, elles ont toutes connu Malek, un homme mystérieux dont la véritable identité nous échappe au début, mais qui se dévoile petit à petit à notre grand étonnement. Malek s'avère à la fin être un homme important impliqué dans un scandale financier. Mais ce que l'on retient dans Madaure c'est la capacité de l'auteur à nous faire plonger dans un univers mélancolique, angoissant où le moindre petit atome de bonheur est ressenti comme une bouffée d'air. Passionné de littérature et de musique, l'ancien, comme on le surnomme affectueusement, nous dessine un monde qui lui est propre et entraîne son lecteur dans une véritable gymnastique cérébrale. Lyes Menacer nous dévoile ainsi dans son premier roman, une autre Algérie, une Algérie en ruine, mais dont l'auteur espère la voir un jour aussi prospère que l'était Madaure. W. S. M. Madaure, Lyes Menacer, éditions El Maarifa, 163 pages, 250 DA.