Pour l'avant-dernier jour de la Semaine culturelle de l'Anep, ce sont deux auteurs qui se sont livrés, face à l'assistance, pour évoquer leurs expériences et rapports à la littérature. En effet, jeudi dernier à l'espace Mustapha-Kateb, ce sont Hadjer Koudiri et Abderezzak Boukeba qui étaient à l'honneur lors d'un débat modéré par Ali Djeri. Auteure du roman poignant Nawress Bacha, qui nous plonge dans l'Alger de 1800 en compagnie de Daouia, Hadjer Kouidri qui a exercé la fonction de journaliste dans une entreprise étatique a affirmé avoir trouvé sa vocation dans la vie à travers l'écriture. «L'idée de ce roman a germé dans ma tête lors d'un reportage que j'ai effectué à l'hôpital Mustapha Bacha. J'ai été très affectée par ce lieu et en même temps il y a ce nom qui fait rêver. De nature curieuse, j'ai décidé alors d'aller piocher dans l'histoire et j'ai fait des recherches sur l'origine du lieu, de fil en aiguille je me suis retrouvée absorbée par mon histoire et c'est là que j'ai écrit ce roman», a-t-elle indiqué. «L'ère ottomane ne se résume pas aux boukalates, il s'agit d'une période très importante dans notre histoire. J'ai aussi découvert beaucoup de choses à travers mes recherches qui ont duré trois ans, par exemple la situation de la femme n'a pas du tout évolué», ajoutera Hadjer. L'auteure, lauréate du prix Tayeb Salah en 2011, a depuis laissé tomber son travail pour se consacrer à l'écriture. Pour sa part, Abderezzak Boukeba, auteur de Nadbatou el hilali, considère l'écriture comme un exécutoire. «Quand j'ai entamé ce roman, j'étais au bord du précipice. Je n'avais pas d'idée de roman en tête, j'ai juste pris une feuille et un stylo et j'ai donné vie à mes personnages», a déclaré l'auteur en affirmant entretenir une relation fusionnelle avec ses personnages. «Je considère que raconter des histoires est mon destin. L'écriture est un défi constant, avec la langue d'abord, et puis avec nous-mêmes», a-t-il fait savoir. Par ailleurs, lors du débat, l'auteure Hadjer Koudiri a déploré la situation des artistes en Algérie, celle des auteurs surtout. «Je me suis fixée l'objectif de me consacrer à l'écriture pendant que je peux encore donner quelque chose. J'ai abandonné ma carrière et là je suis en quête d'un certain confort, de temps pour donner le maximum. Cela se fait à l'étranger pourquoi pas chez nous. Je sais que je suis capable de donner un roman tous les deux ans. Si j'avais gardé mon métier de journaliste cela aurait été impossible», affirme l'auteure. Pour Abderezzak Boukeba, il a surtout axé son intervention sur sa transition de poète à romancier. «Je pense qu'il ne faut pas avoir de jugements sur les gens et les classer soit comme poètes ou romanciers. L'écriture c'est comme la course à pied, parfois on est capable de faire un 500 m d'autres un 1 500 m. Tout est question de souffle et d'inspiration», déclare l'auteur. Avec deux auteurs issus de la nouvelle génération et deux ouvrages marquants, le débat a été fort intéressant, riche en anecdotes et révélations. W. S. M.