C'est dans le cadre du 18e Salon international du livre d'Alger (Sila-2013) que l'espace littérature qui est aménagé dans le pavillon central du Palais des expositions des Pins Maritimes a abrité, vendredi dernier, deux conférences qui ont pour point commun la femme auteure. Pour la première, elle a été consacrée à la défunte Yamina Mechakra, l'écrivaine psychiatre qui a marqué son temps et les générations avec La grotte éclatée et Arris. Durant cet hommage, il a surtout été question de la personnalité de l'auteure et ses drames. L'amour de la patrie très présent dans ses écrits a aussi été évoqué. «L'attachement matriciel à la terre» est un concept purement mechakrien a précisé l'un des intervenants. Toutefois, l'hommage était d'une platitude et d'une inconsistance déplorables. Il s'est réduit à la lecture d'extraits de romans de l'auteure et citations d'articles de presse parus à son sujet. Seul bon point, il a permis au public présent de faire connaissance avec les écrits de cette grande dame. Pour la deuxième rencontre qui avait pour thème «Nouvelles voix d'auteurs, nouvelles voies littéraires», elle a réuni deux jeunes écrivaines algériennes qui font beaucoup parler d'elles ces derniers temps, à savoir Hadjer Kouidri qui vient de publier Nawress Bacha, et Sarah Haider dont le dernier livre, Virgules en trombe, est également sur les tables des libraires et au Sila, évidemment. Modérée par le journaliste Nourreddine Azzouz, cette rencontre a permis aux deux écrivaines d'évoquer chacune son expérience dans l'écriture et son rapport à la littérature. Virgules en trombe, écrit dans la langue de Molière, et paru chez les éditions Apic, est défini par son auteure comme «un presque roman». Débarrassée de tout conformisme dans l'écriture, l'auteure a affirmé être allée aux limites de l'écriture en faisant abstraction du lecteur. «La douleur de l'écriture est quelque chose de noble», a déclaré Sarah Haider. Interrogée sur le regard acerbe qu'elle porte sur la société et son recours à la transgression dans son œuvre, l'auteure a affirmé que «la critique de la société et la transgression étaient seulement présentes dans le premier chapitre. Pour l'emploi de certains termes, ce sont des mots courants, certes choquants pour le citoyen lambda, mais avec lesquels je me sens à l'aise. Je ne vais pas utiliser des métaphores pudiques pour dire les choses mais je ne fais surtout pas cela pour faire ma rebelle». S'agissant du très bon accueil qu'a reçu Virgules en trombe de la part de la presse, l'auteure s'est dite surprise d'avoir eu de très bons comptes-rendus dans les médias au moment où elle s'y attendait le moins. Quant à Hadjer Kouidri, auteure de Nawress Bacha paru chez les éditions Anep, elle a affirmé avoir fait le choix d'aborder l'histoire à l'ère ottomane par soucis «d'offrir quelque chose de beau et donner une image positive de l'Algérie». L'auteure qui est enseignante à l'université, voue une passion à cette période de notre histoire et elle a affirmé que pour son roman «aucun détail n'a été laissé au hasard. Ce roman est le fruit d'une longue recherche et documentation, même les prénoms que j'ai utilisé ce sont des prénoms de l'ère ottomane aujourd'hui disparus», a déclaré Hadjer Kouidri. Interrogée sur son choix de la fiction romanesque, l'auteure a avoué avoir, certes, une écriture standard et qui obéit à certaines règles, mais elle ajoutera qu'elle a tenté de briser cela dans le dernier chapitre. W. S. M.