Matteo Renzi, chef du centre gauche, a été chargé lundi de former un gouvernement auquel il compte consacrer toute «son énergie et son enthousiasme» pour réformer durablement l'Italie. «Avec toute notre énergie et notre courage. Cette fois-ci, c'est la bonne», a tweeté Matteo Renzi dans le train bondé de journalistes qui l'emmenait dans l'après-midi vers Florence où il doit abandonner ses fonctions de maire. M. Renzi était auparavant «monté» au Quirinal, la présidence, et avait accepté «de tenter de former un nouvel exécutif». Il devrait s'appuyer sur une coalition droite-gauche, une majorité similaire à celle de son prédécesseur Enrico Letta, qui a démissionné vendredi après seulement dix mois aux commandes du pays. C'est une motion de la direction du Parti démocrate (PD), formation que dirige M. Renzi, qui a décidé le départ de M. Letta, ex-numéro deux du parti. En prenant les rênes de la troisième économie de la zone euro, M. Renzi, 39 ans, serait le plus jeune Premier ministre de l'Union européenne. Il doit entamer des consultations mardi avec les autres partis politiques pour vérifier qu'il a bien une majorité au Parlement, avant de retourner au Quirinal pour présenter son gouvernement puis soumettre son programme au Parlement pour un vote de confiance. Il a énuméré les réformes à entreprendre: en février, les réformes institutionnelles (mode de scrutin électoral...), en mars, le travail alors que le taux de chômage atteint quasiment 13%, en avril, la bureaucratie et la réforme de l'administration publique, en mai, la fiscalité alors que le patronat réclame un allègement des charges sociales. M. Renzi se fixe «comme horizon le terme naturel de la législature», à savoir 2018. Raison pour laquelle il a besoin de «quelques jours» pour bien préparer son gouvernement. M. Renzi, qualifié d'«homme pressé», rencontre déjà quelques difficultés dans la composition de son équipe. Selon les médias, il a dû renoncer au choix de l'économiste Lucrezia Reichlin comme ministre de l'Economie, jugée trop peu «politique» pour faire le poids face à la Commission européenne et à la BCE. Or ce ministère est crucial après deux ans de récession, la plus longue et plus grave de l'après-guerre. Il s'est vu aussi opposer un non de l'écrivain Alessandro Baricco, pressenti pour la Culture, et du patron de Luxottica (montures de lunettes), Andrea Guerra, pour le Développement économique.«Il a un besoin désespéré de figures d'excellence (...) suffisamment expertes pour ne pas devenir immédiatement esclaves de chefs de cabinets très expérimentés», a noté le Corriere della Sera. M. Renzi, pour qui «la rapidité est un aspect constitutif de la personnalité», se rend compte que «la formation d'une équipe n'est pas un travail facile», renchérit Federico Geremicca dans la Stampa. Autre difficulté: il se heurte déjà aux exigences d'un allié encombrant au sein de la majorité gouvernementale, le Nouveau centre droit (NCD) d'Angelino Alfano, ex-dauphin de Silvio Berlusconi. «Nous sommes tout simplement indispensables pour la naissance de ce gouvernement», a souligné M. Alfano, qui fédère 30 élus au Sénat, chambre où la majorité sera particulièrement exigüe. M. Alfano voudrait conclure une sorte de «pacte à l'allemande» et refuse par avance des projets trop à gauche à ses yeux comme les unions civiles gays. Semblant lui répondre lundi, M. Renzi a averti que «les forces politiques doivent être bien conscientes des prochaines étapes» et les a appelées à «faire bien attention aux contenus et aux programmes». Dans le camp même de M. Renzi, qui est dépourvu d'une expérience au Parlement national ou dans un ministère, rien n'est simple non plus. Pippo Civati un de ses anciens compagnons de route dans sa campagne pour «rottamare» (mettre à la casse), les vieux caciques du PD, a menacé de ne pas voter la confiance au gouvernement, réclamant un coup de barre à gauche. Il avait été un des seuls à critiquer l'éviction brutale de M. Letta. M. Civati emmènerait dans son sillage une dizaine de parlementaires dont le vote sera crucial le jour J. Agences