Enrico Letta a démissionné de son poste de chef du gouvernement italien. Le président Giorgio Napolitano a précisé qu'il souhaitait boucler ses consultations d'ici aujourd'hui pour la constitution d'un nouveau gouvernement qui devrait être dirigé par le chef du Parti démocrate (PD) Matteo Renzi. Le président Napolitano a annoncé hier qu'il avait accepté la démission d'Enrico Letta, président du Conseil mis en minorité la veille par son Parti démocrate (PD, centre gauche). Le chef de l'Etat a ajouté qu'il entendait boucler ses consultations d'ici samedi en vue de la formation d'un nouveau gouvernement dont la direction devrait revenir à Matteo Renzi, triomphalement élu en décembre dernier à la tête du Parti démocrate. En retirant à Enrico Letta le mandat de Premier ministre, le parti démocrate italien a provoqué une nouvelle crise gouvernementale, écrit vendredi le quotidien Kommersant. Le secrétaire général du parti Matteo Renzi, qui a initié ce scénario et prétend au poste du nouveau chef du cabinet, reconnaît qu'il devra désormais "prendre beaucoup de risques". Selon les spécialistes, c'est toute l'Italie qui prend un risque avec lui, sachant que le pays aura très probablement une nouvelle fois un ministre qu'il n'aura pas élu. La crise gouvernementale actuelle se distingue des précédentes parce qu'elle a mûri et éclaté uniquement au sein du parti démocrate. Depuis quelque temps, on estime que le gouvernement d'union dirigé par son protégé Enrico Letta s'est épuisé. "Les batteries sont à plat", a déclaré Matteo Renzi, qui prétend au poste du premier ministre. Il a officiellement annoncé ses "ambitions démesurées" à la réunion du comité exécutif du parti, dont les participants ont voté par la majorité absolue (136 voix contre 16) pour le retrait du mandat à Enrico Latta. La question est de savoir quelle sera la suite. Le scénario le plus probable est ce qu'on appelle le "relais" du pouvoir, où le président Giorgio Napolitano, qui ne souhaite en aucun cas des élections anticipées, chargera Renzi de former le nouveau cabinet. Cependant, on ignore si le nouveau Premier ministre démocrate obtiendra la majorité nécessaire au Parlement. Les partisans de Silvio Berlusconi qualifient déjà un tel scénario de "complot au palais" (en faisant référence au palais résidentiel du Quirinal et au palais du gouvernement Chigi). La sénatrice du Forza Italia Mariastella Gelmini refuse de soutenir le cabinet de Matteo Renzi parce qu'il s'agirait du "troisième gouvernement consécutif pour lequel les Italiens n'ont pas voté". Elle fait allusion au cabinet technique de Mario Monti et le gouvernement d'Enrico Letta qui lui avait succédé. Angelino Alfano, vice-premier ministre dont le parti Nouveau centre-droit s'était séparé à une époque de l'ex-premier ministre Berlusconi pour soutenir le cabinet de la grande coalition, s'est également opposé au cabinet "non élu" de Renzi. Néanmoins, le commentateur du quotidien La Stampa Marcello Sorgi espère que Berlusconi, qui a de bons contacts avec Renzi, donnera le feu vert au soutien du jeune politicien. D'après les déclarations antérieures de Matteo Renzi, lui-même souhaiterait arriver au pouvoir en passant par les législatives. Cependant, en l'absence de la réforme électorale qu'il n'a pas réussi à mettre en œuvre à temps, il reconnaît devoir "prendre le risque". M. Letta dirigeait un gouvernement de large entente gauche-droite depuis avril. Avant de remettre sa démission, il a remercié tous ceux qui l'ont aidé, "chaque jour comme si c'était le dernier", a-t-il écrit sur Twitter. Enrico Letta a décidé de démissionner jeudi quelques minutes après avoir été désavoué par la direction de son parti qui a voté par 136 voix contre 16 une motion appelant à la constitution d'une nouvelle équipe gouvernementale afin d'accélérer les réformes.