Il est de la nature de la récréation d'être de courte durée. Comme la blague, dès qu'elle s'allonge, elle perd automatiquement sa saveur et son piquant. La surprenante sortie de certains acteurs politiques, qui se sont récemment échangés des misères par médias interposés, ne sert pas le débat public et procède d'une volonté de confrontation contreproductive. En principe, ce type d'irruptions émotives ne devrait pas dépasser le temps réel d'un orage. Après un premier rappel à l'ordre, il y a tout juste une semaine, le président de la République recadre, encore une fois, le débat et remet chacun à sa place naturelle dans le décor préélectoral. A l'occasion de la Journée nationale du Chahid, Abdelaziz Bouteflika a profité de sa traditionnelle allocution commémorative, pour mettre les points sur les «i» à l'endroit des différents protagonistes de cette levée de boucliers. «L'heure n'est plus à l'insulte et aux invectives», a-t-il clairement souligné, avant d'appeler l'ensemble des Algériens à «se concentrer sur ce qu'il y a de mieux pour notre nation». A ce propos, le chef de l'Etat a tenu à préciser qu'il demeure le premier responsable et l'unique garant du bon fonctionnement de l'appareil exécutif de l'Etat. Au sujet de son appréciation sur la contribution du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), qui était à son corps défendant au centre de la polémique, la réponse a été sans ambages : «Contrairement aux allégations et aux spéculations rapportées par la presse, au préjudice de l'Armée nationale populaire, le Département du renseignement et de la sécurité reste pleinement mobilisé pour la bonne exécution des missions qui lui incombent, à l'instar des autres composantes de l'Armée nationale populaire.» Voilà qui coupe court aux spéculations stériles et autres analyses superflues qui tendent, coûte que coûte, à créer la zizanie entre les principales institutions du pays. Répondant aux nouveaux impératifs sécuritaires, les réformes progressives de la politique de défense nationale et les réaménagements opérés sur l'organigramme du DRS, s'inscrivant dans un processus de modernisation entamé en 2006, ont été effectués dans le cadre de la loi et en symbiose avec les institutions concernées dans le seul souci d'efficacité et de mise à niveau aux défis de l'heure, apprend-t-on par la même occasion. Bouteflika, en insistant implicitement sur ses prérogatives de président de la République, met en garde contre la portée des commentaires et des lectures inconsidérées de certains responsables, encore en poste ou retraités, en ce sens qu'ils créent un climat de doute et de suspicion préjudiciable pour la stabilité de l'Etat et la sérénité du citoyen. «Nul n'a le droit de régler ses comptes personnels au détriment des intérêts suprêmes de la nation, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur», avertit, encore une fois, le président de la République. Désormais, les auteurs de ces dérapages verbaux sont conviés à bien peser leurs arguments et à les adapter à leurs prérogatives respectives pour ne pas déborder du cadre qui est le leur. «Nul n'est en droit, quels que soient ses responsabilités, de se placer au-dessus de la Constitution et des lois de la République», insiste-t-il, comme pour signifier que la justice pourrait être saisie pour ce type de manquements nuisibles. Cette vive mise au point du président de la République intervient à temps pour rasséréner le climat préélectoral et ouvrir la voie aux différents prétendants à la magistrature suprême pour exposer leurs projets et partager leurs idées avec leurs concitoyens. La présidentielle d'avril prochain est une échéance politique capitale qui doit ouvrir des débats sérieux et dépassionnés. C'est un grand rendez-vous et une circonstance particulière pour mesurer le chemin parcouru, élaborer de nouvelles perspectives, s'apprêter à un saut qualitatif en matière de développement et entretenir l'espoir d'un lendemain meilleur. Le temps est, en effet, à la réflexion, à la persévérance et à la communion. K. A.