Mohamed Rahmani La circulation automobile à Annaba est devenue ces derniers temps un véritable casse-tête pour les conducteurs. «Un enfer au quotidien, nous a déclaré un chauffeur de taxi, avec toute mon expérience dans les itinéraires à suivre, je n'arrive toujours pas à éviter les embouteillages sur tous les axes routiers à l'intérieur de la ville et même dans la périphérie». En effet, ces étranglements, ces embouteillages ne se forment pas seulement durant les heures de pointe, puisque dans tout le périmètre urbain la situation est la même partout. Du côté du Cours de la Révolution, du boulevard du Premier Novembre, la rue Ibn Badis (La Colonne), la rue de l'ALN, Sidi Brahim, Sidi Achour, Val Mascort, El M'Haffeur et bien d'autres rues et quartiers, le ralentissement voire l'arrêt total de la circulation automobile cause bien des désagréments aussi bien pour les conducteurs que les piétons ou les riverains. Les causes sont à chercher du côté de la multiplication de façon exponentielle du parc roulant de la cité en plus des véhicules qui arrivent des villes et wilayas voisines, du réseau routier qui n'a connu ni extension, ni élargissement, ni réfection ou réhabilitation et encore moins la construction d'ouvrages d'art censés décongestionner la circulation automobile pour la rendre plus fluide. Les 3 stations de transport urbain implantées dans le périmètre urbain, avec près de 700 bus qui sillonnent de part en part la ville, ajoutent à cet encombrement qui étouffe les principales artères et même celles adjacentes. Les parkings sauvages tenus par des individus qui rançonnent les automobilistes rendent certaines rues inaccessibles et où l'on passe des dizaines de minutes avant de pouvoir s'en sortir. Le mauvais état des chaussées, nids de poules, cratères, tranchées colmatées à la hâte, des ralentisseurs non conformes et des conducteurs qui ne respectent nullement le code de la route, certains stationnent au beau milieu de la chaussée et s'en vont acheter quelque chose au magasin d'en face bloquant ainsi la circulation malgré les protestations des conducteurs dans la file de véhicules qui s'est formée, rendent la circulation presqu'impossible. La situation est devenue intenable malgré les révisions périodiques du plan de circulation, à chaque fois réexaminé et réajusté dans la perspective d'améliorer un tant soit peu la circulation. Les différents projets réalisés, principalement des trémies, n'ont pas vraiment réglé le problème et parfois l'ont même aggravé. Ainsi, les trémies du 8-Mars, d'El Hattab ou encore celle de Sidi Amar deviennent impraticables, particulièrement en hiver car les eaux de pluie y stagnent et ne sont pas évacuées par le système mis en place et prévu pour cela, ce qui oblige les automobilistes à emprunter la voie supérieure. Le pont en construction, par une société espagnole à laquelle ont été associées des entreprises algériennes, qui devrait normalement faciliter l'accès et la sortie de la ville accuse beaucoup de retard. La délocalisation des stations Kouche-Nourreddine, Souidani-Boudjemaa et Sidi-Brahim à la nouvelle gare routière a, elle aussi, pris du retard. «Je ne suis pas du tout satisfait de la cadence des travaux et j'ai donné des instructions fermes pour que les retards enregistrés soient rattrapés au plus vite», a déclaré, hier, le wali d'Annaba sur les ondes de la radio locale. Toujours dans le volet projets, 12 milliards de dinars ont été affectés à la réalisation de deux ouvrages censés régler une fois pour toutes les éternels problèmes de la circulation automobile. Il s'agit de la réalisation de 2 tunnels, l'un au niveau du rond-point Pont Blanc et l'autre à hauteur de l'hôpital Ibn Rochd. Selon la direction des travaux publics de la wilaya, le premier sera bidirectionnel et le second comportera 2 tubes de sens opposé pour permettre plus de fluidité à la circulation. Le rond-point du Pont Blanc, baptisé «axe des frères Kayil», dessert l'entrée ouest d'Annaba est emprunté quotidiennement par des milliers de véhicules, la circulation y est tellement dense que des bouchons se forment parfois sur plus de 2 km. Les véhicules arrivant de la cité Oued Forcha, des Allemands ou de la cité 8-Mars se retrouvent tous au niveau de ce rond-point qui étouffe, surtout aux heures pointe. Au minimum on y perd près d'une vingtaine de minutes sans compter les altercations et disputes entre conducteurs pour des histoires de priorité non respectée. L'autre rond-point, un des points noirs de la circulation automobile à Annaba, celui de l'hôpital Ibn Rochd où se bousculent des milliers de véhicules durant presque toute la journée, embouteillages et bouchons deviennent banals à telle enseigne que tout le monde essaye d'éviter cette voie pour ne pas avoir à traîner et à perdre du temps pour rejoindre sa destination. Le chef de l'exécutif, qui s'est exprimé sur la réalisation de ces deux ouvrages, voit que cela est très difficile et dit s'opposer à ces projets. «C'est une zone à forte concentration de population, un site urbanisé à l'extrême et ce sera très difficile à réaliser surtout que les tunnels en question s'étendront sur un kilomètre et demi. La solution idoine serait la construction d'un pont. L'Entreprise nationale des grands ouvrages d'art a été contactée pour étudier la faisabilité de cet ouvrage», conclut le wali. Par ailleurs et toujours sur la question de la circulation automobile, la commission de l'aménagement du territoire de l'APW d'Annaba s'est penchée sur la question en organisant une journée d'étude pour essayer de trouver des solutions à court, moyen et long terme pour désengorger la ville qui pourra ainsi mieux respirer. M. R.