Pour le troisième jour consécutif, les élèves des classes de terminale sont sortis, hier, dans la rue pour protester contre l'organisation des cours de rattrapage durant les vacances de printemps, la journée de samedi et la demi-journée de mardi. Ils réclament aussi, et cette fois-ci avec insistance, ce qu'ils appellent «el ataba», c'est-à-dire un seuil des programmes à réviser pour l'examen du baccalauréat qui aura lieu à partir du 1er juin. Les candidats à cet examen final affirment qu'ils n'acceptent pas de sacrifier leurs vacances et leurs jours de repos pour des enseignants qui «ne pensent qu'à leurs propres intérêts». Pour ces élèves, «les enseignants mis en cause ont gagné des augmentations de salaires et des promotions, alors que nous, nous avons perdu tout un mois d'études. À eux d'assumer seuls les conséquences de cette grève». Comme pour les deux journées précédentes, les tentatives des élèves de tenir un sit-in devant l'annexe du ministère de l'Education nationale, sise au Ruisseau (Alger), ont été toutes vouées à l'échec. Les agents de police, déployés en force autour du grand bâtiment, les en ont empêchés. Certains protestataires ont été «frappés», selon les dires de quelques élèves. Les adjoints de l'éducation aussi ont été empêchés de tenir leur sit-in devant l'annexe du département ministériel. Beaucoup ont été arrêtés et embarqués dans des camions de police avant même leur arrivée au Ruisseau. «Nous avons compté au moins une centaine. Je vous montre le message d'un confrère d'une autre wilaya qui dit qu'ils sont une douzaine à se retrouver au commissariat de Bab Ezzouar. Les commissariats de police aujourd'hui sont complets. Ils ont même essayé d'utiliser la violence contre certains élèves protestataires. Un homme d'un certain âge est intervenu et leur a dit d'arrêter d'agir ainsi», rapporte le porte-parole de la Coordination nationale des adjoints de l'éducation, affiliée au Snte (Syndicat national des travailleurs de l'éducation). Les adjoints de l'éducation, classés dans la catégorie des travailleurs dits «en voie d'extinction» s'opposent à cette expression et réclament leur intégration, sans condition, dans le corps des superviseurs. Ceci, à l'exemple de leurs collègues, titulaires d'une licence et classés directement à la catégorie 10, alors qu'eux traînent encore dans la catégorie 7 ou 8, après plusieurs années de travail. Par ailleurs, contacté par téléphone, Ahmed Khaled, le porte-parole de l'Association nationale des parents d'élèves (Anpe), a exprimé hier un certain regret de voir les enfants sortir manifester dans la rue à un moment où ils doivent être en classe et arrêter de rater des cours. «Les enfants ne doivent pas agir de la sorte. Ils n'avaient pas à sortir dans la rue et organiser des sit-in et des marches, alors qu'ils doivent être en classe». Ahmed Khaled se demande «où sont les proviseurs? Où sont les inspecteurs et les inspecteurs généraux pour expliquer les choses clairement et calmement aux élèves. C'est à eux de les dissuader d'aller vers une quelconque action de protestation et de les convaincre d'accepter les cours de rattrapage». L'Association nationale des parents d'élèves accuse des parties qui ne sont pas de l'éducation nationale de manipuler les élèves pour des fins personnelles. Elle demande au ministère de tutelle de procéder à un assainissement véritable du secteur pour prévenir les agitations intérieures et faire face aux menaces extérieures. Cette opération d'assainissement doit toucher, en premier, les proviseurs : «Certains chefs d'établissement du secondaire ne sont pas à la hauteur de la mission qui leur est assignée. Il faut qu'ils cèdent la place à d'autres.» K. M.