De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Le 21 septembre de l'année dernière a été une journée dramatique pour les élèves du CEM Zaki Saïd et leurs parents. Un crime épouvantable a eu lieu à la sortie des classes devant les portes de l'école. Au vu de tous les élèves, un collégien, M. Brahim, d'une quinzaine d'années, plantera un coup de couteau en plein thorax d'un autre jeune, Sofiane, qui l'attendait devant l'école. Brahim, selon les témoignages, avait un couteau de boucher caché dans son cartable. L'école en question est située dans un quartier populaire malsain et sa population hétérogène issue, en majorité, du milieu rural, n'accorde aucune attention à la violence juvénile qui la détruit de l'intérieur. Le geste homicide commis par l'écolier a mis en émoi l'ensemble des collégiens qui sortaient de l'école à cette heure-là. Une telle scène pourrait facilement se reproduire dans n'importe quelle école de la ville ou de la wilaya, tant il est vrai qu'aucun dispositif ou disposition n'est prévu pour parer à la violence qui rôde aux alentours des écoles, CEM et lycées. Beaucoup d'interrogations subsistent au sujet de ce geste malheureux et dramatique qui illustre la solitude de ce collégien face à un problème qu'il vivait en sourdine. Pourquoi les parents n'ont-ils rien décelé ? Quel rôle doit jouer l'enseignant, l'adjoint d'éducation, le gardien et d'autres encore dans la sauvegarde de nos enfants scolarisés ? Autant de questions dont la réponse devrait nous éviter de tels drames et préserver nos enfants de malheurs inutiles ? Fait résultant de l'indifférence des services éducatifs et des dysfonctionnements des institutions afférentes, les statistiques des services de lutte contre la criminalité de la sûreté de wilaya font ressortir des chiffres alarmants quant à la prolifération de groupuscules douteux dans la périphérie des établissements scolaires. L'implication des élèves, notamment les filles mineures scolarisées dans les groupes de malfaiteurs, est de plus en plus mise en évidence. Plus de 40% des faits de violence et de crimes commis à Oran sont le fait de mineurs en déperdition scolaire ou scolarisés et faisant partie de réseaux de malfrats. La proximité de certains établissements avec des aires abandonnées ou encore la présence tolérée de groupuscules de délinquants aux abords des établissements scolaires incitent à des dérapages certains. Ni les correspondances des enseignants ahuris par de tels spectacles ou directement menacés par ces délinquants ni les lettres de rappel de directeurs mis sous pression par ces encadreurs pédagogiques n'ont réussi à ramener la tutelle locale à de meilleurs sentiments. «Ils n'ont qu'à saisir la tutelle autour de ce problème pour installer des rondes ou des points de contrôle aux alentours des établissements scolaires. Ce n'est pas sorcier, même si au plan local on rechigne à assurer la protection à nos enfants», confie A. Abdelkader, membre du bureau territorial de l'association des parents d'élèves à Oran. Pour exemple, n'était l'intervention des parents d'élèves du CEM Dorgham Hnifi, qui a été, partiellement, incendié par des casseurs au cours des émeutes de mai dernier, la structure aurait brûlé entièrement. Les écoliers, pendant ce temps, étaient en plein examen de sixième. Les candidats avaient été retenus dans l'école entre midi et 14h, afin de leur éviter bien des risques. Pour la seule année 2008, le service de la médecine légale a recensé quelque 120 cas d'agression et d'attouchement sexuels contre des enfants en 2008. Un phénomène inquiétant qui semble avoir de beaux jours devant lui dans la capitale de l'Ouest.