Nous ne pouvons plus rester indifférents à ce qui se passe dans nos écoles. Il est encore temps pour agir de concert avec l'ensemble des acteurs pédagogiques et des représentants des associations des parents d'élèves », affirment des parents que nous avons rencontrés à proximité du CEM Zaki-Saïd où s'est produit, samedi, un drame qui a coûté la vie à un jeune collégien. Ce dernier, mortellement blessé par son camarade au sortir de l'établissement, a jeté la consternation et l'effroi dans ce CEM du quartier sensible des Amandiers. Le même CEM a déjà été le théâtre d'une situation identique qui a causé la mort d'un élève, également poignardé par son camarade. L'agresseur appréhendé après cette tragédie, âgé de 16 ans, « présente des troubles psychiques », selon ses proches. « Lui-même a été victime d'une agression à main armée par un camarade de classe. Depuis, il vit sous traitement médical et est soigné par un psychiatre », ajoutent-ils. Aujourd'hui, la violence scolaire n'est plus limitée aux quartiers déshérités, étiquetés de bourgades ou zones difficiles. « La vie à l'école s‘est dégradée, notamment parce que la situation économique et sociale s'est, elle aussi, beaucoup détériorée. Mais si l'école ne peut pas tout régler, elle peut cependant agir », estime un enseignant du secondaire. Le phénomène de la violence au sein des établissements scolaires à Oran et à leurs abords immédiats présente des formes multiples d'expression : violence verbale et physique, intrusion, atteintes aux biens, racket, usage ou trafic de produits stupéfiants, port d'armes ou objets dangereux qui sont autant d'indices qui attestent de la malvie qui ronge nos établissements scolaires. Au-delà de ces extrêmes, nous apprenons, de source proche de la direction de l'Education nationale, la possibilité de la création d'une commission qui sera chargée de réfléchir sur le phénomène de la violence en milieu scolaire après la rencontre nationale prévue à Alger le 20 mai prochain. « Cette rencontre devra regrouper les ministères de l'Education nationale, des Affaires religieuses, celui de la Santé et de la Population, des associations de parents d'élèves, des pédagogues et des experts en la matière. » Interrogé sur la nécessité d'engager des milliers d'agents de sécurité pour surveiller les établissements scolaires, un chercheur universitaire de l'université d'Es Sénia aura ces mots : « Il est nécessaire de traiter en premier lieu l'absentéisme au niveau de l'établissement scolaire. Les absences doivent être immédiatement signalées à la famille avec laquelle, en cas d'absences répétées, un dialogue doit être engagé. » Des enseignants qui ont les gorges chaudes parlent, quant à eux, d'une « véritable connivence entre les élèves absentéistes et certains surveillants généraux ». Pour ce directeur d'un établissement secondaire au centre-ville, « il faut impérativement penser à confectionner un guide de prévention contre la violence entre les élèves et envers le personnel enseignant. » Dans un lycée situé dans une bourgade à l'est d'Oran, une grande majorité de filles scolarisées ont préféré rester chez elles. « Nos filles étaient constamment la proie de certains de leurs camarades mais elles étaient aussi exposées aux agressions des bandes de voyous qui essaiment aux abords du lycée. Même les enseignants sont constamment victimes des agissements de leurs élèves et des voleurs qui semblent jouir d'une telle situation », témoignent des parents dépités. Mais il reste qu'un suivi pédagogique, appuyé par un recensement plus homogène de la violence, recentré sur les actes plus graves, est de nature à identifier, dans un premier temps, les différents types de violences et leur traitement.