Le drame du CEM Zaki-Saïd des Amandiers a comme réveillé les consciences et tiré la sonnette d'alarme sur le phénomène de la violence en milieu scolaire. Loin d'être une simple vue de l'esprit, la violence est devenue une réalité tangible tant à l'intérieur des établissements scolaires qu'à l'extérieur des murs pédagogiques où toute une faune de prédateurs en a pris possession. Une guerre de territoire gagnée par les dealers et des bandes de délinquants qui ont pris pour cible les élèves tous paliers confondus. À Oran, on assiste depuis le crime qui a secoué la ville, la semaine dernière, aux portes du CEM Zaki-Saïd, le deuxième en l'espace de seulement trois mois, à un véritable choc émotionnel et à une volonté de prendre en charge ce phénomène. En pratique, trois psychologues ont été dépêchés par la direction locale de l'éducation pour être au chevet des collégiens fréquentant ledit CEM. Ces praticiens se sont occupés de l'entourage direct et de la victime, un camarade de classe, et de celui qui a tué, un ancien élève du CEM. Ils ont également porté une assistance psychologique à tous les élèves qui ont assisté directement au drame. Ce qui s'est passé aux Amandiers n'est pas un cas isolé mais de par son issue fatale, il est devenu le porte-étendard d'une lutte contre la violence en milieu scolaire dont les victimes se recrutent parmi la masse apprenante mais également parmi le corps enseignant. Des enseignantes, généralement, sont souvent victimes d'agressions verbales et parfois physiques de leurs élèves ou des parents de ces derniers. Les exemples ne sont pas rares mais de par la complexité du sujet, tenu tabou par les gardiens du temple, la lumière est rarement faite sur ce qui se passe réellement devant les tableaux noirs. Pour B. Nourredine, 32 ans d'expérience dans l'enseignement du français dans un CEM d'une commune de la wilaya, ce qui s'est passé au CEM Zaki-Saïd était prévisible parce que dans la majorité des établissements scolaires, il se trouve toujours deux ou trois élèves portant une arme blanche. Pour lui, il existe trois types de violence en milieu scolaire (verbale, physique et psychologique) qui influent directement sur la violence en général. “Il existe même une forme de violence exercée inconsciemment sur l'élève par ses propres parents que j'appelle une violence perfectionniste qui veut qu'on demande l'impossible à l'enfant.” Loin de constituer une exclusivité locale, la violence en milieu scolaire devient, à force des faits divers sordides, un sujet de préoccupation majeur des pouvoirs publics qui ont désigné Oran, sans pour autant fixer une date, pour abriter la première conférence nationale sur la violence dans les écoles. Tout un symbole quand on sait qu'Oran s'est distinguée sur la carte géographique nationale par le nombre d'incidents “mineurs” qui ont secoué le secteur de l'éducation. SAID OUSSAD