Le secteur du bâtiment en Algérie (le résidentiel et le tertiaire), consomme plus de 40% du total de l'énergie. Les perspectives de développement du parc de logements, à la faveur des différents programmes mis en œuvre (Aadl2, LPP, LPA...) prévus par l'actuel gouvernement ainsi que ceux inscrits dans le présent plan quinquennal, conduiront à un accroissement exponentiel de cette consommation énergétique. En outre, d'après les projections de référence de l'Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME), la consommation d'électricité a plus que triplé au cours des trois dernières décennies et cette tendance se poursuivra jusqu'à 2025. Les spécialistes en la matière estiment, dans ce contexte, que la réalisation de logements efficaces énergétiquement s'impose comme une nécessité pour la maîtrise des consommations énergétiques. Il est donc urgent pour l'Algérie de s'inscrire dans une nouvelle vision basée sur davantage de rationalisation dans la consommation énergétique dans cet important secteur. Par conséquent, l'augmentation de l'efficacité énergétique, l'intégration des énergies renouvelables et l'atténuation des impacts climatiques, par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, représentent les principaux défis à relever d'autant que le secteur du bâtiment dispose d'un grand potentiel d'économie pour contribuer à cet objectif. C'est dans ce contexte que le projet Med-Enec, destiné aux pays de la Méditerranée, a lancé, il y a quelques années, un appel à propositions pour des projets pilotes sur l'efficience énergétique dans le secteur du bâtiment. Ces projets pilotes, cofinancés par l'Union européenne, jouent un rôle important en matière de transfert de technologie et de savoir-faire. Ils servent aussi de modèles à des fins pédagogiques et de reproductibilité. Le consortium formé par le Centre de développement des énergies renouvelables (Cder) et le Centre national d'étude et de recherche intégrés en bâtiment (Cnerib) a soumissionné et a été retenu pour la construction d'un habitat de type rural à haute efficacité énergétique. L'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue), quant à elle, joue le rôle de point focal algérien pour ce projet. L'intérêt de cette initiative est de passer d'un logement «énergivore» à un logement de «haute qualité environnementale» et de «haute efficacité énergétique» grâce à une éco-conception et à l'introduction des principes bioclimatiques, d'efficacité énergétique et d'intégration de l'énergie solaire. L'éco-conception offre un double avantage, selon les spécialistes. Du point de vue économique, d'abord, l'approche mène à d'énormes gains énergétiques et nous pouvons diviser par deux la consommation d'un édifice. Du point de vue écologique, ensuite, l'éco-construction se concentre sur le bilan énergétique global du matériau (le BTS dans notre cas) et donc tant sur l'énergie utilisée lors de sa production que celle qu'il permettra d'économiser une fois intégré dans le bâtiment. Utile d'indiquer par ailleurs que le projet en question a concerné, en premier lieux, la réalisation de pas moins de 600 logements (un autre programme de 3 000 unités va lui emboîter le pas) de haute performance énergétique (HPE) au niveau de 11 Opgi sur l'ensemble du territoire national. Les travaux de construction de ces logements ont été déjà lancés. Ce projet pilote est réparti sur le territoire national à travers onze wilayas représentant les trois zones climatiques : Nord, Hauts-Plateaux et Sud. La répartition est comme suit : Nord (Alger Hussein-Dey 50 logements), Blida (80 logements), Skikda (50 logements), Mostaganem (82 unités), Oran (80 unités). Pour ce qui est des Hauts-Plateaux, au niveau de Laghouat (32 logements), Djelfa (80 logements), Sétif (54 logements). Enfin, au niveau du sud du pays, on trouve la wilaya d'El Oued (36 logements), Béchar (30 unités) et Tamanrasset (30 logements). Les surcoûts liés aux mesures d'efficacité énergétique à introduire dans ce projet sont évalués à 300 000 DA par logement, dont 80% sont pris en charge par l'Aprue à travers le Fonds national de maîtrise d'énergie (Fnme). Et ce projet s'est inscrit dans le cadre de la réalisation des LSP (logement social participatif). Chaque Opgi a réservé un quota de l'ordre de 70 logements pour mener cette opération pilote. La mise en œuvre de ce projet est soutenue par des mesures incitatives du Fonds national de maîtrise de l'énergie (Fnme) sous forme de prise en charge de l'expertise et de 80% des surcoûts financiers qui seront induits par les travaux d'installation des équipements de haute performance énergétique. Pour les responsables de l'Aprue, ledit projet vise «l'amélioration du confort thermique dans les logements et la réduction de la consommation énergétique pour le chauffage et la climatisation, la mobilisation des acteurs du bâtiment autour de la problématique de l'efficacité énergétique et la provocation d'un effet d'entraînement des pratiques de prises en considération des aspects de maîtrise de l'énergie dans la conception architecturale». S. B.