Tension - Ces nouveaux heurts meurtriers interviennent après les affrontements armés qui ont fait 21 morts, à la mi-avril dernier entre des «séparatistes» de la minorité ouïghoure, la population turcophone musulmane du Xinjiang et des policiers. De nouvelles émeutes ont fait 27 morts, ce mercredi matin, dans la région chinoise à majorité musulmane du Xinjiang (nord-ouest). Dix-sept personnes ont été tuées - neuf policiers et vigiles ainsi que huit civils - avant que la police n'ouvre le feu et tue 10 émeutiers, a rapporté un responsable sous couvert de l'anonymat à l'agence officielle chinoise. Vers 06H00, ce matin, (22H00 GMT ), «des émeutiers armés de couteaux ont attaqué les postes de police et le bâtiment du gouvernement local» de la ville de Lukqun, située à environ 250 km au sud-est de la capitale régionale Urumqi et non loin de l'oasis de Turpan, selon Chine Nouvelle. Les émeutiers ont «poignardé des gens et mis le feu aux véhicules de police», a ajouté l'agence, citant des responsables régionaux du Parti communiste chinois (PCC). Trois émeutiers ont été arrêtés sur place et la police était à la poursuite de ceux qui se sont enfuis. Ces nouveaux heurts meurtriers interviennent après que des affrontements armés ont fait 21 morts, dont 6 policiers, à la mi-avril entre des «séparatistes» de la minorité ouïghoure, la population turcophone musulmane du Xinjiang, et des policiers, selon la version officielle chinoise. Le Xinjiang est régulièrement secoué par des troubles en raison de fortes tensions entre Hans, l'ethnie ultra-majoritaire en Chine, et Ouïghours, invariablement accusés de «terrorisme» ou de «séparatisme» par les autorités. Les plus graves affrontements entre Hans et Ouïghours se sont produits en juillet 2009 à Urumqi, la capitale de la région, faisant environ 200 morts. Les autorités ont renforcé le déploiement de forces de sécurité chinoises dans une région déjà très militarisée. En avril dernier, une unité de l'armée chinoise spécialisée dans la lutte antiterroriste a ainsi conduit des exercices au Xinjiang. En 2011, Pékin a affirmé que des affrontements ayant fait 19 morts avaient été provoqués par des «terroristes» séparatistes qui s'étaient entraînés au Pakistan voisin. Mais des groupes Ouïghours en exil ont rejeté ces accusations de terrorisme, rendant les inégalités et la répression religieuse responsables des troubles. «La répression incessante et la provocation expliquent les heurts», a réagi, ce mercredi après la dernière tuerie, le porte-parole en exil du Congrès ouïghour mondial, Dilxat Rexit. Le Xinjiang a concentré, à lui seul, l'an dernier, plus de la moitié des procès pour «atteinte à la sécurité de l'Etat», alors qu'il n'héberge que moins de 2% de la population chinoise . Une organisation spécialisée dans l'aspect juridique des droits de l'Homme en Chine considère qu'il existe une «discrimination ethnique» à l'encontre des Ouïghours en Chine. Selon les chiffres officiels, le Xinjiang compte 46% de Ouïghours et 39% de Hans, le reste de la population appartenant à d'autres minorités comme les Kazakhs, les Kirghizes, les Tadjiks ou encore les Mongols.