L'ancien chef du gouvernement, Ali Benflis, a déposé hier auprès du Conseil constitutionnel son dossier de candidature pour l'élection présidentielle du 17 avril. Il était 10 heures, quand le candidat à l'élection présidentielle a rejoint à pied le siège du Conseil constitutionnel, lors d'une marche sur une centaine de mètres, suivi d'un cortège de photographes et de supporters qui scandaient des slogans, dont «Benflis président», et chantaient Kassaman (l'hymne national). La formalité accomplie, Ali Benflis a, dans une déclaration à la presse, mis l'accent sur le devoir de neutralité de l'administration, notamment sur la responsabilité de l'Etat d'assurer une concurrence loyale entre candidats à cette élection. Et afin que l'administration, à tous les niveaux, n'intervienne pas pour «détourner la volonté du peuple». En affirmant avoir récolté des centaines de milliers de signatures de citoyens électeurs et de milliers d'élus, à l'intérieur du pays ou au sein de l'émigration, Benflis, a livré sa vision de la prochaine élection et estimé que deux scénarios sont possibles, soit «le peuple entier se mobilise pour aller voter. Ce sera une première étape pour sortir l'Algérie de la grave crise qu'elle vit, depuis 25 ans», soit il y aura des «signes et des comportements bas et vils, qui favoriseront les doutes au sujet de la crédibilité du prochain scrutin». Dans ce dernier cas, ce sera «un approfondissement de la crise», a-t-il soutenu. Benflis a exprimé son souhait, pour autant, que l'élection se déroule dans des conditions de transparence, en mettant en relief le rôle de l'Etat pour que «l'organisation soit propre et n'obéit qu'à la loi», d'un côté, et, de l'autre, que «le peuple préserve sa voix afin qu'il n'y ait pas un détournement de la volonté populaire». «L'élection doit être une étape pour l'alternance pacifique au pouvoir», a-t-il dit en outre, en expliquant que «le peuple algérien, qui a fait la Révolution de 1954, a décidé de son propre sort et recouvré sa souveraineté, n'acceptera jamais que soit détournée sa volonté ainsi que ses voix». Aussi, il a souhaité que «chacun des candidats prenne uniquement la part que le peuple lui donnera, et que l'administration ne se penche pas vers un candidat, ou qu'elle remplisse les urnes pour lui». Il dira s'adresser aux médias pour démontrer que, parmi les candidats, il existe encore des hommes et des femmes qui veulent sortir le pays de la crise et qui n'acceptent pas de détournement, parce que c'est illicite (haram), et le pays ne peut être construit que sur le licite (hallal). Il a ajouté que «chaque document (dans le dossier), que je présente est hallal. Aucune pièce n'est fausse». Benflis, accuse l'administration d'avoir utilisé les registres d'état civil au profit d'un candidat : «Il faut que les Algériens sachent que dans nombre de communes d'Algérie, les registres d'état civil ont servi de base pour remplir des formulaires de signatures au nom de citoyens qui, en réalité, ne les ont pas signés. Si la justice était libre, il y aurait eu des plaintes par milliers contre X et on aurait poursuivi et condamné ceux qui utilisent les registres d'état civil.» Et de marteler, «le peuple algérien doit protéger ses voix, en se rendant en masse aux urnes, pour barrer la route aux usurpateurs et voleurs de la volonté du peuple». Il poursuivra en disant : «Mon souci n'est pas la chaise, du tout. Soyez rassurés, mais je voudrais que le train de l'Algérie soit remis sur de véritables rails et que la volonté du peuple soit respectée.» Ali Benflis, qui a été prié de donner sa lecture de la candidature du président Bouteflika, s'est toutefois refusé à tout commentaire. «Je suis un combattant, pour que le peuple algérien recouvre sa pleine citoyenneté et retrouve son droit à un vote transparent», a clamé le candidat à l'élection présidentielle, qu'on a fait sortir par la porte secondaire du Conseil constitutionnel, comme l'a fait remarquer un membre de son staff de campagne. Prophétie ou simple entorse au protocole ? Cela étant, rappelons que la collecte de signatures pour le candidat a été essentiellement rendue possible grâce à ses soutiens, notamment le Comité national pour la victoire de Ali Benflis, présidé par Athmane Laouche, qui, dans un communiqué, a exprimé sa satisfaction d'avoir récolté 38 000 signatures à lui seul, dont 75% acquises, en premier dans la wilaya de Tlemcen, ensuite dans celles de Béjaïa et Alger. Nombre de partis et organisations apportent également leur soutien au candidat Benflis pour l'élection du 17 avril. Il s'agit, notamment, des partis FNL, présidé par Zerrouki, Fajr jadid (Tahar Benbaïbèche), FAN (Djamel Benabdesslam), Ufds (Noureddine Bahbouh) et El Islah (Djahid Younsi), et des coordinations des cadres et de l'espoir. A. R.