Le rattachement de la Crimée à la Russie continue à accentuer la tension entre Moscou et les Occidentaux dans un bras de fer allant en se durcissant. Avec le risque réel de partition de l'Ukraine comme résultat de cette confrontation. Les Occidentaux, chargeant vigoureusement Moscou, ont décidé une série de sanctions contre la Russie compliquant davantage la situation. A Moscou on réagit avec impassibilité. Après l'annonce par le Parlement local de Crimée de l'organisation d'un référendum le 16 mars sur le rattachement à la Russie de cette péninsule du sud de l'Ukraine, le Parlement russe dira respecter «le choix historique» de la Crimée. Les députés russes laissent ainsi entendre qu'ils voteront, sans surprise, en faveur de l'intégration de cette région, où vivent deux millions d'habitants, à l'immense Fédération de Russie. Ce qui accentuera l'ire des Occidentaux dont les médias s'adonnent à une grande campagne dénonçant la Russie et Poutine. Sous impulsion occidentale, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov dénonce le référendum et annonce le lancement d'une procédure de dissolution du Parlement de Crimée. Un véritable dialogue de sourds où chaque partie tente de mettre en échec l'adversaire. Sur le plan diplomatique, malgré d'intenses consultations depuis le début de la crise éclatée fin février en Ukraine, avec le renversement d'un gouvernement élu, les Occidentaux et les Russes ne trouvent toujours pas un terrain d'entente. Américains et Européens se voulant dans le «beau» rôle ont dégainé l'arme des sanctions diplomatiques et économiques contre la Russie. Pour le président américain, la Russie «agit en violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine». Pour sa part, Vladimir Poutine met en garde son homologue américain contre le risque de «sacrifier» les relations américano-russes pour des «problèmes internationaux isolés, bien qu'extrêmement importants». Parmi les sanctions annoncées par les Occidentaux le gel d'avoirs, visant des responsables russes et ukrainiens, et la suspension de négociations sur les visas. L'UE voudrait même tenter un coup de force en imposant un fait accompli. A l'issue d'un sommet extraordinaire à Bruxelles, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a annoncé que l'UE allait signer l'accord d'association avec Kiev «avant les élections du 25 mai en Ukraine». La question de la signature de l'accord avait été un des éléments déclencheurs de la crise. Le refus du président déchu Viktor Ianoukovitch de signer l'accord avec l'UE avait provoqué en novembre le mouvement de contestation avec les conséquences qui ont suivi. Pour l'heure la Crimée reste toujours au centre d'enjeux politiques entre les deux camps. Des dizaines d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce) ont dû rebrousser chemin après avoir été empêchés d'entrer en Crimée. Les autorités de la péninsule ne reconnaissent pas les dirigeants actuels de l'Ukraine. Le Premier ministre de la république autonome de Crimée Sergueï Axionov a déclaré refuser de discuter le statut de la Crimée avec le Parlement ukrainien le considérant comme «illégitime». M. B./Agences