Synthèse de Smaïl Boughazi La crise gazière continue de souffler le chaud et le froid en Europe particulièrement. Quelques heures seulement après l'annonce d'un retour à la normale des approvisionnements gaziers russes, l'Ukraine décide de bloquer le gaz destiné à l'Europe, en raison de «conditions de transit inacceptables» imposées par le groupe russe Gazprom, selon le porte-parole de la société publique ukrainienne des hydrocarbures Naftogaz. La réaction de l'Europe ne s'est pas fait attendre. A Bruxelles, où l'on s'était prudemment réjoui de l'annonce de la reprise du transit, la Commission européenne a fermement dénoncé cette nouvelle exacerbation de la guerre gazière, qui intervient en dépit des efforts intenses fournis par les Européens pour résoudre le conflit. L'UE a affiché clairement sa «déception». La situation semble échapper à tout contrôle. Le géant russe Gazprom a même laissé entendre que les Etats-Unis jouaient un rôle dans la crise gazière qui perturbe l'Europe depuis plusieurs jours en influençant leur allié ukrainien. «On a l'impression que toute la comédie musicale qui est en train de se dérouler en Ukraine est dirigée par un tout autre pays», a déclaré Alexandre Medvedev, le numéro deux de la société gazière russe Gazprom. M. Medvedev a parlé de l'accord stratégique signé en décembre dernier par les Etats-Unis et l'Ukraine. Face à cette situation inédite, l'UE a jugé que c'est «inacceptable». Pour le moment, la Slovaquie, la Moldavie et la Bulgarie, notamment, continuaient de tourner au ralenti, tandis que d'autres pays continuaient de puiser dans leurs réserves. Il faut, selon les pays, de 24 à 72 heures de livraisons ininterrompues pour voir le gaz russe arriver à nouveau chez ses clients, indiquent les observateurs. Il y a lieu de souligner, in fine, que le conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine n'est toujours pas réglé, aucun accord n'étant intervenu sur le prix des livraisons de gaz russe aux Ukrainiens pour 2009. Faute d'un contrat, Moscou a coupé l'approvisionnement de l'Ukraine en 2009 et a ensuite accusé Kiev de «voler» le gaz destiné aux Européens, provoquant la décision de la Russie de cesser toutes ses livraisons de gaz vers l'Europe afin de mettre un terme à ce «vol».