À trois mois de la présidentielle syrienne, Damas reprend la main sur le terrain des opérations militaires. La reprise hier de la ville de Yabroud constitue un autre affront à la rébellion armée qui en faisait un de ses bastions. Ainsi, les troupes du régime syrien appuyées par le Hezbollah ont récupéré, comme annoncé, la ville stratégique de Yabroud, enregistrant une avancée importante dans la guerre contre les rebelles, entrée dans sa quatrième année. La prise de ce dernier bastion rebelle dans les montagnes de Qalamoun, à 75 km au nord de Damas et près de la frontière libanaise, a été annoncée par l'armée. Elle permettra de bloquer toute infiltration terroriste vers le Liban, en particulier vers la ville d'Aarsal où prolifèrent les intégristes salafistes. Pour le Hezbollah, cette prise est cruciale car selon le mouvement chiite armé, c'est de Yabroud que sont venues les voitures piégées utilisées dans les attentats meurtriers qui ont secoué ses bastions au Liban ces derniers mois. «L'armée a rétabli la sécurité et la stabilité dans Yabroud et ses environs, après avoir anéanti un grand nombre de terroristes», a indiqué un porte-parole de l'armée dans un communiqué lu à la télévision. Les soldats, qui pourchassent les rebelles fuyant vers Aarsal, vont désormais s'employer à fermer complètement les routes qui permettaient l'acheminement des renforts et approvisionnements aux insurgés via le Liban, selon une source de sécurité à Damas. «Ce nouvel exploit (...) sécurise les régions frontalières avec le Liban et coupe la route aux renforts», a dit le porte-parole militaire. La télévision a montré des images de combattants morts ainsi que des chars et des véhicules blindés entrant dans la ville. Le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh), Rami Abdel Rahmane, a affirmé, pour sa part, que l'armée et le Hezbollah contrôlaient désormais «de larges parties de la ville» et que des combats avaient toujours lieu aux alentours. La perte de ce bastion est un nouveau coup dur pour la rébellion, après celui de la perte de Qosseir, alors que Damas marque de larges victoires ces derniers mois. Cette prise a permis en outre la reprise d'un trafic normal sur l'autoroute reliant Damas à Homs, la troisième ville du pays plus au nord, selon la télévision. Fort de ses succès sur le terrain, M. Assad, dont le mandat présidentiel prend fin dans quatre mois, compte bien en briguer un troisième. Une intention qui soulève l'ire de l'opposition installée dans les capitales occidentales. Assad s'ouvre, cependant, une voie royale vers un troisième mandat présidentiel. Le Parlement a voté jeudi une loi ouvrant la voie à sa réélection, en excluant de facto de la prochaine présidentielle l'opposition en exil qui exige principalement un départ du président. L'organisation de cette présidentielle en plein conflit a été dénoncée par le médiateur international Lakhdar Brahimi, pour qui elle torpille les négociations de paix entre régime et opposition, aujourd'hui suspendues après deux sessions infructueuses à Genève. M. N./Agences