La filière oléicole a été passée au peigne fin, hier, lors d'une rencontre initiée en son siège par l'Union générale des commerçants et artisans algériens. D'emblée M. Akli Moussouni, expert en agriculture et développement agricole, a qualifié d'échec le programme de plantation d'un million d'oliviers à travers le territoire national initié dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014. «Non seulement le bilan est négatif mais catastrophique car il a détruit des centaines de milliers d'hectares de terres et conduit au gaspillage des deniers publics», a souligné cet expert indiquant qu'«il ne faut pas politiser les programmes mis en place étant donné que c'est l'exigence technique qui doit faire le politique». Etayant plus ses propos, M. Moussouni dira que «le végétal a besoin qu'on le suive selon ses exigences naturelles», or que les concepteurs du programme ont voulu faire vite sans mettre en place les mesures techniques et scientifiques et budgétaires pour son lancement. Du coup, les objectifs «irréalistes» n'ont pas été atteints puisqu'il était prévu la plantation de 200 000 hectares par an pour la durée du quinquennat, alors que l'Algérie n'a pas les moyens de planter 15 000 hectares annuellement, explique encore ce spécialiste. La filière oléicole telle qu'organisée est totalement paralysée, fera savoir encore cet intervenant. «Elle est investie d'une mission de développement, dans le cadre de la diversification de l'économie, qu'elle ne pourra en aucun cas assurer. Sa recomposition s'impose à travers une vision pragmatique et rationnelle», explique-t-il encore, préconisant de fixer pour objectifs prioritaires «de sauvegarder l'oléiculture traditionnelle et de lancer de nouveaux investissements, de normaliser la qualité des produits à mettre sur le marché, de valoriser les sous produits et protéger l'environnement». Interrogé sur l'estimation du préjudice financier dû à l'échec du programme un million d'olivier à planter, ce spécialiste dira qu'il est égal au montant de l'investissement qui lui a été injecté. Sur les exportations qui restent infimes et les solutions à cela, M. Moussouni fera savoir qu'il faudra une nouvelle politique agricole qui aura pour objectif premier la sécurité alimentaire et dont l'outil principal à mettre en place reste le partenariat public-privé. Pour leur part, les autres animateurs de cette conférence de presse ont mis l'accent sur la nécessité d'organiser cette filière importante et demandent l'accompagnement de l'Etat pour trouver des solutions à des problèmes qui n'ont pas lieu d'être. M. Hamdi Kamel, gérant de l'entreprise Azuria, spécialisée dans l'exportation de l'huile d'olive et l'olive de table, a relevé le problème de l'inadéquation des mécanismes adoptés pour placer le produit national à l'étranger avec la réalité du terrain. Il a aussi posé le problème de la taxe parafiscale imposée par les Douanes françaises depuis 2009, ce qui est pour défavoriser les exportations algériennes de l'huile d'olive. Pour sa part, M. Rahal Abdelhakim, président de la coopérative Chok (Coopérative des huiles d'olives de Kabylie) de Bouira, a mis en avant la difficulté des investisseurs qui ne sont pas accompagnés par la banque Badr (Banque de l'agriculture et de développement rural), de même que l'effacement des dettes des oléiculteurs qui n'est pas encore fait. M. Medadha Mustapha, gérant du département oléiculture au niveau du Groupe Chiali à Sidi Bel Abbès, a, quant à lui, évoqué le problème de la concurrence déloyale sur le marché national et l'absence d'un laboratoire d'analyse de l'huile d'olive ce qui contraint les oléiculteurs, comme c'est le cas au niveau de son groupe, à recourir à un laboratoire français pour s'assurer de la conformité du produit aux standards internationaux. Enfin, M. Boulenouar Hadj Tahar, porte-parole de l'Ugcaa a appelé le Gouvernement à considérer l'huile d'olive comme un produit stratégique, et à organiser chaque produit dans le cadre d'une filière afin de le promouvoir. B. A.