Un hommage sera rendu au maître du chaabi, le défunt el hadj El Hachemi Guerrouabi par l'Institut du Monde arabe (IMA) de Paris, dans le cadre de son 9ème Festival de musique. Cet hommage, programmé pour le 18 juin prochain, sera animé par deux noms de la musique populaire algérienne, Abdelkader Chaou et Sid Ali Driss (neveu de Guerrouabi), qui interpréteront les morceaux anthologiques du maître, ravi aux siens et à ses millions admirateurs, un certain 17 juillet 2006. Celui qui a fait vibrer les cœurs et suscité tant d'émotions avait succombé des suites d'une longue maladie. El Hachemi, comme l'appelaient affectueusement les férus de sa musique, a marqué le chaabi en le «modernisant» tout en restant l'un des dépositaires de ce patrimoine musical qu'il a perpétué en donnant une intonation et une dimension particulières aux vieilles qacidate transmise par les chouyoukh (maîtres). Le défunt Guerrouabi a baigné, dès son enfance, dans l'ambiance de cette musique, populaire algéroise, puisque, dès l'âge de neuf ans, il a commencé à taquiner la mandole et à écouter El Anka, M'rizek, Zerboute ou encore El Achab. Sa personnalité hors du commun mais surtout sa voix de ténor, chaude, généreuse, sont remarquées et il se trouve engagé par Mahieddine Bachetarzi à l'Opéra d'Alger (actuellement Théâtre national algérien) pour un an, en 1953, où il fera de la comédie et jouera plusieurs pièces de théâtre. Ensuite, il chanta Magrounet Lehwahjeb qui fut un succès. A la fin des années 1960, sa rencontre avec le compositeur Mahboub Bati lui permettra d'introduire des instruments modernes dans le chaabi et de lancer un style nouveau, «el asri» (moderne), que l'on désignera sous le nom de chansonnettes, un vocable qui ne prendra pas un sens dévalorisant puisque Guerrouabi interprétera des chansons désormais inscrites dans le registre du chaabi comme les légendaires El Barrah, Yal warka, Allo, allo ou encore Chems el barda, N'seblak ya omri et Djat ch'ta. Avec son physique agréable, ses tenues vestimentaires très à la mode et son look de jeune premier, Guerrouabi parviendra à conquérir les cœurs et à réconcilier les jeunes de toutes les régions du pays avec une musique, adulée par un cercle réduit de férus algérois. Sa diction parfaite et sa puissance incroyable ont donné une force et un ton particuliers aux vieilles qacidate et au registre «nabawi» que nul autre interprète n'a égalé. Youm el djemaa ou encore El Harraz restent de véritables pièces d'anthologie. Chanteur de tous les tons et par tous les temps, Guerrouabi reste un véritable monument de la chanson algérienne. APS