Mais l'émotion encore vivace de sa disparition remue encore ses nombreux admirateurs. Son enterrement au cimetière d'El Madania restera gravé dans les mémoires comme un grand moment de communion populaire. Et, plus encore, sa présence particulière, un demi-siècle durant, dans le champ de la musique nationale. Rénovateur du genre chaâbi, chanteur de charme enraciné dans son terroir urbain, il s'était forgé un style à la fois léger et grave que sa voix, véritable signature, rendait à la perfection avec des accents d'une tendre virilité. Son éclosion ne fut pas des plus aisées dans une école musicale marquée par des maîtres pour le moins imposants. Il eut cependant l'instinct artistique et sans doute le mérite de répondre aux attentes d'une nouvelle génération, grandie dans un univers musical plus éclectique et habituée à des formats de chansons plus courts et des textes plus dépouillés. Il nous a quittés mais il sera là pourtant en ce mois sacré, où il est recommandé d'évoquer les disparus. A Chlef déjà où, à l'initiative de son APC, la ville de Chlef organisera une semaine du chaâbi en son hommage. De grands noms du genre ont d'ores et déjà confirmé leur participation et notamment Abdelkader Chaou et Maâzouz Bouadjadj. On le retrouvera aussi à Montréal où l'Union des artistes algéro-canadiens (UDAAC) lui consacrera un hommage le 7 octobre prochain(*). Un orchestre de vingt musiciens accompagnera plus de dix jeunes chanteurs appartenant au raï, au rap, à la chanson kabyle ou l'andalou, apportant ainsi un démenti aux prétendues cloisons qui existent entre les différents pans de la chanson algérienne. Seront de la partie les chebs Dino, Menou, Fayçal, Salem, la chanteuse Inès, le groupe Syncop ainsi que Karim, Mohamed Saci et Youcef Raïs. Cette convergence des écoles et genres est particulièrement défendue par Djamel Lahlou qui, en plus d'être chanteur chaâbi, est le secrétaire général de l'UDAAC. Pour Nylda Aktouf, l'une des organisatrices, il ne s'agit là que d'un premier hommage à Guerrouabi, particulièrement aimé au pays de l'Erable. Rien d'étonnant dans une communauté où les quadragénaires dominent. De Montréal à Alger, le même engouement nostalgique s'exprime à l'égard de El Hadj Hachemi Guerrouabi. La Bibliothèque nationale a ainsi retenu dans son riche programme du Ramadhan une conférence musicale consacrée à l'illustre artiste(*). Ainsi, mercredi 18 octobre, les témoignages et les morceaux de musique alterneront à travers une animation assurée par Sid Ali Driss, Mustapha Guerrouabi et Abdelkader Bendaâmèche. En attendant l'inauguration, tant réclamée de la ligne aérienne entre Alger et Montréal, l'artiste aura réussi, au-delà des distances et post-mortem, à relier les deux pays autour de son extraordinaire souvenir et d'un répertoire aussi maîtrisé qu'attachant. Semaine de la chanson chaâbi en hommage à Guerrouabi. Organisée par l'Assemblée populaire communale de Chlef. Salle des fêtes Hommage à El Hadj Guerrouabi. Salle Marie Guérin-Lajoie. 405, rue Sainte-Catherine, Montréal. Samedi 7 octobre 2006 à 20 h. Conférence musicale en hommage à Guerrouabi. Bibliothèque nationale. Service Action culturelle et communication. El Hamma, Alger. Mercredi 18 octobre 2006 à 21 h. Entrée libre.