Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Enrico Macias, de son vrai nom Gaston Ghrenassia, n'aura pas raté l'occasion d'exprimer son acquiescement quant à la raison sioniste de bombarder les enfants de Ghaza, en marchant au coude-à-coude avec ses pairs, la semaine dernière à Paris. On s'attendait que, pour le moins sa ville natale, Constantine qu'il pleure tout le temps -jusqu'à cette dernière marche- lui rende la pareille. Parce que Enrico aura piétiné, voire renié ses propres textes, au grand dam du geste humanitaire. Pour preuve, d'aucuns estiment que le gendre Raymond a «grillé» sa carte avec la ville du Vieux Rocher. «Ce n'est nullement de l'antisémitisme ! Désormais, qu'il aille raconter ses salades du fils du pardon et de la paix loin du Rocher», martèle un citoyen de Constantine. Dans les milieux du malouf, certains sont allés plus loin en menant une campagne de boycott de tous les supports (CD, K7) de la famille Macias. Constantine voudrait se délester de son passé colonial et de l'image de l'auteur de Constantina. Ainsi, les fans d'Enrico viennent de confirmer leur soutien à la Palestine en boycottant leur ancien chanteur. Dans un autre chapitre, la solidarité locale demeure en gestation. Les artistes n'ont pas encore affiché leur engouement pour s'exprimer sur les scènes de spectacle. Encore point de vernissage in live. Du wait and see ! Pour l'heure, les seules jérémiades sont générées par les images satellitaires vues par le monde artistique local. Nous avons tenté en vain de recueillir la moindre inspiration, voire l'intention de rompre le silence, du moins par un soupir. Les portails des ateliers culturels demeurent verrouillés. Ni les maisons de la culture ni le théâtre ne semblent se prononcer pour sensibiliser les artisans à se bousculer au portillon, qui d'une pièce, qui d'un poème, qui d'une improvisation musicale, pour dénoncer le massacre au miroir nazi. Le premier regroupement de la famille artistique à Alger, la semaine dernière, à l'initiative de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, aura été fort en sensations. Cependant, le rayon de propagation de cette retrouvaille solidaire n'a pas pour autant eu l'effet escompté dans les autres régions d'Algérie. A Constantine, on attend impatiemment que les artistes (musiciens, peintres, poètes) et les associations culturelles brisent le mur du silence. Des sources laissent entendre qu'il a été question d'un méga concert au cours duquel se produiront les chanteurs locaux et dont les recettes seront versées aux Ghazaouis. Cette suggestion n'est pas sortie de son contexte officieux devant les hésitations des responsables du secteur, qui ne caressent dans le sens du poil que les initiatives qu'ils peuvent comptabiliser sur leur CV. Ainsi, les mécènes rangent leurs idées et Constantine attend le coup de starter pour déclencher sa machine culturelle au bénéfice d'une cause humanitaire. Si les directions de wilaya de la Culture n'ont été destinataires d'aucun programme les incitant à peaufiner un quelconque menu artistique, il n'en demeure pas moins que l'imagination fait autant défaut dans les structures qui n'ont pas accouché d'une démarche, amenant tous les artistes locaux autour d'une table en vue d'une éventuelle «improvisation». Pourtant, le réflexe culturel et/ou artistique est sans égal dans ce genre de tragédie ! L'écart semble être grand entre le drame de Ghaza et nos artistes.