Le génocide d'envergure et exécuté avec méthode et cynisme par l'armée israélienne, à Ghaza, a été majoritairement dénoncé à l'échelle mondiale par les opinions publiques, les élites et de nombreux artistes et intellectuels de toutes les couleurs, de différentes religions et affinités politiques. L'Holocauste en question a permis à des artistes algériens et à diverses associations de manifester leur dégoût envers une armée d'occupation et leur solidarité avec les populations de Ghaza réduites à vivre dans un camp gigantesque où manque le minimum vital pour un être humain, connaissant ainsi un vécu, qui fut, il n'y a pas si longtemps, imposé à des milliers de juifs par la barbarie nazie au cœur d'une Europe qui joue, aujourd'hui, la compensation pour un génocide euro-européen durant lequel les Arabes et les Palestiniens étaient hors de cause. Sans oublier les juifs dérobés à la police de Vichy et cachés par les musulmans au Maghreb. Les populations civiles ont, bien évidemment, la priorité lorsque la vie est en jeu et que des enfants n'atteindront jamais l'âge adulte parce que les soldats israéliens ont reçu l'ordre inexcusable de bombarder à tout va et d'utiliser des armes de destruction massive prohibées par toutes les conventions internationales. Il faudra bien un jour établir les crimes perpétrés contre la culture du peuple palestinien dans toutes ses déclinaisons et comptabiliser les destructions ayant trait au patrimoine physique et immatériel et toutes les conséquences affectant la mémoire, la créativité, l'histoire et sa transmission. Le génocide pratiqué est total, global, avec des finalités bien évidentes. Pour nier un peuple dans son existence, dans sa présence sur Terre, les théoriciens nazis et leur soldatesque ont, en leur temps, élaboré une stratégie et une tactique. Il a fallu, d'abord, ancrer dans l'inconscient et le conscient collectifs en Europe qu'Hitler avait une armée, la plus puissante au monde. Le régime sioniste en fait de même et l'armée israélienne a la réputation d'être parmi les armées les plus puissantes, les mieux équipées de la planète. Inculquer la culture de la terreur et, ensuite, passer à l'extermination d'abord des juifs, les nazis l'ont fait et les gouvernements israéliens imitent le maître du IIIe Reich. L'état de guerre perpétuelle empêche bien sûr la renaissance, le développement et la diffusion de la culture palestinienne qui se trouve être un creuset, un carrefour de religions, de rites, d'artisanats, de cuisines, de poèmes etc. Les nazis brûlaient les livres et les synagogues, Israël bombarde les écoles et les mosquées, éparpille sur terre les élites palestiniennes arrachant ainsi des racines, des systèmes de reproduction pour transformer des humains en peuple errant, chassé de ses terres. Les crimes contre l'humanité dépassent le premier degré. Ils sont aussi convoqués lorsque le crime organisé vise aussi une culture nationale. Si la réaction de certains artistes algériens est méritoire, à saluer, elle demeure conjoncturelle, éparse, sans être inscrite dans un continuum pertinent. Des syndicats, des associations, une fédération démocratique, sérieux et représentatifs, auraient permis une autre mobilisation, donné une autre solidarité. Affiliés à des associations et à des fédérations internationales, cotisations et présence active à l'appui, les artistes algériens trouveraient les réseaux, les relais, les médias, les forces politiques dans tous les pays pour soutenir la Palestine. Un premier pas constitutif ferait que les artistes et intellectuels algériens aillent en force à Ghaza avec du théâtre, des films, des ballets, des livres, des orchestres, des chanteurs, des défilés de mode, dire le beau, la vie, le rêve aux habitants de Guernica de ce siècle. Mais, il faut d'abord être organisé ici et maintenant. Il y a du travail en perspective. Théoriquement. A. B.