On ne saurait suffisamment saluer l'heureuse aubaine de l'ouverture de la nouvelle galerie d'art Espace Lotus qui est venue apporter un souffle libérateur aux arts plastiques dans la ville qui a, depuis longtemps, souffert du manque de lieu d'exposition et d'espaces d'expression pour ses artistes. Dans cette mansarde, sise 9 Rue Ho Chi Minh, aux dimensions pourtant si réduites où des toiles de peinture et des sculptures sur bois partagent l'espace avec des rangements de beaux livres, Moussa Mediène, journaliste féru de belles lettres et d'art, a su créer un lieu culturel privilégié et convivial, d'échange et de rencontre dédié aux créateurs. En si peu de temps, la galerie a vu déjà défiler, depuis son ouverture, de nombreux artistes peintres dont la plupart jouissent d'une consécration internationale avérée. Jeudi dernier, l'Espace Lotus, devait abriter, en début de soirée, le vernissage de l'exposition des peintres Saïd Chender et Mourad Belmekki, qui ont fait leurs classes à l'Ecole de Beaux Arts d'Oran et sont tous deux actuellement enseignants en arts plastiques, respectivement à l'Ecole des Beaux Arts de Mostaganem et dans un lycée d'Oran. A Oran, une exposition de peinture constitue toujours un événement important, le nombreux public qui s'est déplacé pour ce vernissage l'atteste. L'exposition a convié les adeptes des arts plastiques à deux expériences artistiques différentes à travers la vingtaine de toiles qui tapissant les cimaises. Des techniques et des thèmes différents: sur la droite, un choix de toiles de l'oeuvre de Mourad Belmekki, constitué de compositions puisant leur inspiration dans les signes arabo-berbères ou et des motifs empruntés à la tapisserie maghrébine traditionnelle. L'artiste puise son inspiration dans les références au terroir « Concept vernaculaire », « Fantasia », « Légende Dar Debbagh » où il a toujours recours aux couleurs ocres pour recréer les teintes écrues des pigments utilisés dans la teinturerie traditionnelle qui constitue le fondement du courant pictural Dar Debbagh dont il se veut l'initiateur. Sur l'aile gauche de la galerie, les toiles de Saïd Chender offrent une expérience tout à fait différente. La toile est présentée au milieu d'une large marie-louise où se profile un triptyque comme une fenêtre ouverte sur le monde. « Odalisque », « El Guessaa », « Tatouage », « Gnaoua » où la touche est très subtile, une superposition de traits déliés et nerveux aux couleurs de l'arc en ciel. L'empreinte singulière de l'artiste.