Après 20 jours de bombardements israéliens intensifs sur la bande de Ghaza, deux pays arabes et pas des moindres, deux des précurseurs du nationalisme arabe, décident de décliner l'invitation au sommet arabe extraordinaire de Doha. Un sommet jugé déjà tardif par la rue arabe révoltée par l'impunité outrageuse dont jouit l'entité sioniste coupable d'un réel génocide. Hier, le nombre de martyrs a dépassé les 1 000 victimes alors que celui des blessés avoisinait les 5 000 sans réussir à faire honte à ceux qui assistent les sionistes dans leur mission. Ainsi donc, l'Arabie saoudite et l'Egypte ont officiellement décliné l'invitation qatarie, se déclarant toutefois favorables à l'idée de discuter de la situation à Ghaza en marge du sommet économique arabe prévu au Koweït le 19 janvier. Ghaza, préoccupation centrale de tous les peuples arabes et musulmans depuis plus de trois semaines, serait donc un sujet de discussion marginale pour les Egyptiens et les Saoudiens aux côtés de leurs préoccupations économiques majeures. Un sujet que le roi Abdallah d'Arabie saoudite et le président égyptien Hosni Moubarak relèguent à un second plan après leur examen de la situation. Qui ne nécessiterait pas, selon leur analyse, plus qu'une conclusion commune dont le grand bénéficiaire ne serait autre que l'entité sioniste. Cette conclusion trouve toute son explication dans le plan égyptien qui reproduit, jusqu'à ce jour du moins, les exigences de l'entité sioniste sans tenir compte de celles de la résistance palestinienne. Les deux hommes ont également convenu d'«une participation du royaume saoudien et de l'Egypte à la réunion au sommet du Koweït pour […] tenter de régler la question palestinienne avec l'objectif de mettre fin à l'agression et de parvenir à la paix pour le peuple palestinien». Au même moment, l'Arabie saoudite, par la voix de Ahmad Al Qattan, son représentant permanent au siège de la Ligue arabe au Caire, pousse l'indécence jusqu'à déclarer «inappropriée» la tenue d'un sommet arabe extraordinaire sur l'offensive israélienne dans la bande de Ghaza, proposé par le Qatar. Ce dernier en est aujourd'hui à sa troisième proposition pour la tenue d'un sommet arabe extraordinaire qui devrait se tenir impérativement pour sauver ce qui peut l'être encore de la dignité arabe. Une position si bien traduite par le président syrien Bachar Al Assad qui a exhorté les pays arabes à se réunir immédiatement «avec ceux qui veulent bien prendre part à ce sommet». Pendant ce temps, les Egyptiens et les Saoudiens veulent coûte que coûte faire aboutir le plan égyptien qui passe par un cessez-le-feu immédiat, notamment celui des résistants palestiniens, aussi bien que la «sécurisation des frontières», une exigence de l'entité sioniste qui veut couper la voie à la livraison des armes aux résistants. Deux préalables imposés par les sionistes avant toute ouverture des points de passage. Outre les divisions classiques des pays arabes entre partisans des résistants palestiniens et ceux qui ne veulent donner la voix qu'au président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, dont le mandat a expiré le 9 janvier dernier, nul ne peut aujourd'hui justifier la position de ceux qui étaient à l'avant-garde de la guerre de 1973. Si les fils de l'audacieux roi Fayçal font faux bond aux causes arabes depuis qu'ils ont ouvert leurs bases aux Américains durant la première guerre du Golfe, l'Egypte de Hosni Moubarak n'a rien à envier à celle d'Anouar Al Sadate. Elle a fait pire. G. H.