Malik Boumati La Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou et les rues qui y mènent ont été quadrillées hier dimanche par un impressionnant dispositif de sécurité à l'occasion du meeting électoral que l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a animé au profit du président candidat, Abdelaziz Bouteflika. Evidemment, ce quadrillage s'explique par les graves dérapages qui ont émaillé le meeting qu'il devait animer la veille dans la wilaya voisine de Béjaïa, où des affrontements violents ont empêché la tenue du meeting. Hier donc, Tizi Ouzou a accueilli le directeur de campagne de Bouteflika dans des circonstances particulières qui ont fait que Sellal est arrivé à 8 heures pour un meeting qu'il devait animer à 10 heures. Les services de sécurité étaient aux aguets dès les premières heures de la matinée et n'hésitaient pas à interpeller toute personne susceptible de perturber la sortie électorale de Sellal. L'on dénombre d'ailleurs un certain nombre d'interpellations (15 ou 30, selon deux versions disponibles) opérées par les éléments de la 2e sûreté urbaine dont le siège jouxte la maison de la culture. Et pendant le déroulement du meeting, la tension à l'extérieur de l'enceinte culturelle ne baissait pas puisque les partisans du rejet de l'élection présidentielle du 17 avril devenaient de plus en plus nombreux. Ils seront «parqués» par les policiers jusqu'à la fin du meeting quand ils improviseront une marche vers le carrefour Djurdjura du centre-ville durant laquelle ils scanderont des slogans hostiles au scrutin tels «Ulac el vote ulac» et «Djazaïr hourra dimocratia». Pour revenir au meeting, le directeur de campagne de Bouteflika ne citera à aucun moment les incidents de Béjaïa, mais laissera le soin au directeur local de le faire. En effet, El Hadi Ould Ali a dénoncé, dans son discours, «des pyromanes (qui) tentent de rallumer le feu de la fitna en incitant à la violence, la haine et cherchent à reproduire le scénario que vivent nos voisins». «La démocratie ne peut pas s'accommoder de telles pratiques odieuses et l'Histoire témoignera du comportement exemplaire de tous les acteurs et des sympathisants engagés aux côtés du candidat Abdelaziz Bouteflika», a-t-il ajouté. Pour sa part, Abdelmalek Sellal a encensé l'œuvre du président candidat depuis son intronisation à la tête du pays en 1999, notamment le retour de la paix et le développement des infrastructures de base. «Sa dernière mission, c'est de mener l'Algérie vers le haut. Ce sera une dernière étape pour une Algérie forte. Une Algérie qui deviendra Number One en Méditerranée», a affirmé l'animateur du meeting, indiquant que «Bouteflika, avant sa mort, veut que l'Algérie fasse partie des grandes nations de ce monde». Sellal mettra en outre en garde contre une remise en cause de «la stabilité du pays, œuvre du président Bouteflika». «Bouteflika a ramené la stabilité dans le pays, et c'est pour cela que le printemps arabe ne nous a pas touché, et croyez-moi, cette stabilité est un rempart contre des atteintes à la souveraineté nationale», a encore ajouté l'ex-Premier ministre non sans évoquer la nécessité de «construire une République démocratique, une République égalitaire». Parmi les réalisations du président Bouteflika, Sellal citera entre autres les différents programmes de logements. À le croire, il ne manquera à l'achèvement des programmes en cours que 700 000 logements pour régler le problème. «Nous allons poursuivre le programme de réalisation de logements jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucune demande. Tant qu'il y a une rente, elle profitera aux plus démunis du peuple algérien», a-t-il lancé sous les applaudissements de l'assistance. Sellal abordera aussi Tizi Ouzou qui «a les moyens de devenir un pôle économique et culturel», précisant que les habitants de cette wilaya devraient «aider l'Etat notamment avec le problème du foncier». Pour lui, Tizi Ouzou a besoin de l'Algérie et l'Algérie a besoin de Tizi Ouzou, rappelant «l'appui apporté par Tizi Ouzou à l'Algérie entière en matière notamment d'universitaires». Il reconnaîtra que sur certains aspects, la wilaya de Tizi Ouzou a été négligée, citant l'exemple du tourisme, mais promettra d'y remédier. «Tizi Ouzou va jouer un grand rôle dans le développement touristique en Algérie. Qu'il soit local ou international» a-t-il promis. Enfin, comme Ali Benflis, Abdelaziz Belaïd, Amara Benyounès et Amar Ghoul, qui sont passés avant lui par Tizi Ouzou à l'occasion de cette campagne, Abdelmalek Sellal ne fera aucun engagement sur la question de la constitutionnalisation du caractère officiel de la langue amazighe, notamment à l'occasion d'une éventuelle révision de la Constitution qui devrait intervenir à la fin de cette année. Seule Louisa Hanoune s'est prononcée clairement pour. M. B.