Madani Azzeddine Il est connu qu'avec le temps beaucoup de choses changent dans la vie d'une personne, d'une société ou d'un pays. Le changement peut être aussi bien positif que négatif. La mondialisation est sans doute un des grands bouleversements de ce siècle et ses effets sont devenus apparents dans plusieurs secteurs, dont celui de la culture. Les nouvelles technologies de communication aidant, les productions artistiques connaissent des croisements, des mutations, des enrichissements diront certains, comme elles n'en avaient jamais vu auparavant. Aujourd'hui, les nouvelles générations d'artistes ont plus d'ouvertures et d'opportunités. Il suffit d'un clic pour découvrir un artiste et s'inspirer de son travail ou mettre en ligne ses propres créations. La façon de penser des artistes et leur comportement vis-à-vis du public ont beaucoup changé, au point où la différence entre anciens et nouveaux artistes s'est accentuée. La wilaya d'Aïn Defla ne fait pas exception. On observe l'avènement d'une nouvelle génération d'artistes, et cette dernière se distingue par rapport à la précédente dans différents volets. Dans le domaine théâtral par exemple, les pièces produites traitent de thèmes nouveaux jetant un regard sur des sujets plus actuels. Certaines s'intéressent même à l'actualité d'ailleurs. La mondialisation a sa place sur scène. Evidemment, ce ne sont pas toutes tranches de la société qui pourront être touchées par de tels sujets, ce qui peut approfondir le fossé entre l'art et la population. Les artistes répondront qu'ils entendent véhiculer des messages et traiter de phénomènes qui, s'ils ne sont pas encore présents en Algérie, peuvent survenir à tout moment. Et si leurs productions n'ont pas d'impact immédiat, elles trouveront certainement un écho quand le moment sera venu. Cette problématique ne se posait pas à l'ancienne génération d'artistes qui abordait les sujets de l'heure que vivaient leurs concitoyens, leur société. Aujourd'hui, c'est un peu différent et c'est sans doute à cause de cela que les salles de spectacles n'arrivent pas à faire le plein. S'inspirer des pratiques de la génération ancienne n'est plus une monnaie courante pour les nouveaux artistes, ce qui a donné un cachet particulier à l'activité culturelle. Même la chanson a subit l'effet de «la modernisation», dans le texte et dans la musique. Les différents styles de chansons sont aujourd'hui focalisés sur les chiffres des ventes. Il s'agit de frapper un grand coup dès la mise sur le marché, quitte à disparaître après, jusqu'au prochain «succès». Les textes qui deviennent un support pédagogique et introduits dans les programmes scolaires et les compositions musicales qui marquent des générations, ne sont plus un argument «commercial» pour les producteurs. Selon des artistes, il est parfois difficile de voir les nouveaux artistes en contact avec les anciens, d'autant que la reconnaissance semble avoir disparu et les efforts fournis par les prédécesseurs ne semblent plus intéresser les successeurs. S'agissant de la qualité, beaucoup reste à faire. Le manque d'expérience des nouveaux ne peut être compensé par les échanges avec les plus expérimentés qui sont rompus. Rétablir le lien entre les générations d'artistes apparait ainsi comme une nécessité qui contribuera à la bonification du produit culturel. Et les Vieux artistes ne cessent de répéter qu'ils sont à la disposition de leurs cadets et qu'ils sont prêts à travailler ensemble. Mais le contact et la collaboration ne peuvent s'établir que si les anciens font preuve de modestie et évitent de prendre les jeunes de haut, et que les jeunes, de leur côté, soient plus réceptifs et s'interdisent de traiter leurs aînés de «has been» dépassés ne pouvant plus rien apporter. M. A.