Après deux ans du lancement de leur premier single, Ana Djazaïri, devenu un tube par la suite, la formation musicale El Dey vient de sortir son premier album éponyme chez les éditions Padidou. Mis sur le marché en fin du mois de mars dernier, l'album comporte dix sept titres qui laissent transparaitre l'univers envoutant et métissé de la formation algéroise. Créée en 2009, El Dey, en référence à la commune d'Hussein Dey, s'est d'abord fait connaître avec Ana Djazaïri en 2011, pour récidiver, fin 2013, avec un autre tube Maria. Ce dernier, qui relate l'histoire d'un jeune algérien amoureux d'une étrangère à carrément fait le buzz, car il reflète le vécu de nombreux jeunes. Après l'immense succès qu'ont rencontré ces deux titres et après avoir enchaîné les scènes, El Dey gratifie ses fans avec un album qui a pris tous son temps et qui reflète les inspirations des différents membres bercés par les musiques méditerranéennes et africaines dans toutes leurs diversités. Du flamenco en passant par le chaâbi, le diwan et le jazz, l'album d'El Dey est un véritable voyage au cœur de la capitale Alger. Composé de cinq talentueux et jeunes musiciens (Sami Boukhechba, Samir Merabet, Ahmed Abraz, Mounir Bouarfa et Mourad Hannache) le groupe nous offre dans ce premier opus de succulents morceaux concoctés avec passion, à l'image du surprenant titre Flamengnawa, une fusion entre jazz oriental, flamenco et percussion diwan et c'est là que l'on sent qu'El Dey est un groupe qui sait se faire plaisir. On y compte aussi des reprises de standard à l'image de La ilah illa ellah, de Youcef Boukella, ou encore Babor Ellouh, repris à la sauce latino, et Noudjoum ellil en version ahellil, un clin d'œil à notre patrimoine immatériel. Aussi, ce premier album rend hommage au chaâbi à travers des textes bien écrits et qui reflètent une certaine maturité et conception des choses de la vie. Ce qu'on retient aussi dans l'album est le très beau morceau El Bahdja, qui chante la beauté de la capitale, ainsi que Bnat el bahdja. Et c'est avec un immense plaisir que l'on découvre la voix suave et envoutante de Sami dans le titre Ghir Ensini, un excellent flamenco ! Par ailleurs, le morceau Manwellich lelour relate, pour sa part, les déboires d'une jeunesse qui a vécu la décennie noire et par conséquent est déterminée à avoir une vie meilleure. Ce titre qui clôt l'album est très différents des autres morceaux avec un texte qui résume la profonde pensée des jeunes algériens marginalisés. En fait, le premier album d'El Dey résume bel et bien l'univers dans lequel ont baigné les différents membres de la formation. Nourris au chaâbi, amateurs de flamenco, les musiciens d'El dey sont ouverts aux différentes sonorités et attentifs aux changements qui nous entourent. W. S. M.