Ce qui est magnifique en toute chose, c'est de pouvoir se sentir soi-même, tout en se sachant appartenir à un monde qui bouge, qui évolue. Un monde qui vibre avec ses mélodies envoûtantes et ses rythmes entraînants. C'est l'effet que produit le nouvel album du groupe El-Dey, sorti le 26 mars dernier, aux éditions Padidou. On l'attendait depuis un moment déjà le premier album du groupe El-Dey ! Créé en 2009, la formation a réussi à conquérir le public, notamment sur scène, avec le titre Ana Djazaïri (en 2011) et le tube Maria (juillet 2013), mais les nombreux fans du groupe étaient dans l'attente d'un disque qui permettrait de découvrir l'univers métissé, coloré et riche en rythmes et airs (d'ici et d'ailleurs) d'El-Dey. C'est chose faite, depuis le 26 mars dernier, date de sortie du premier album éponyme de la formation composée de cinq talentueux musiciens (Sami Boukhechba, Samir Merabet, Ahmed Abraz, Mounir Bouafia, Mourad Hennech), qui partagent une amitié et une passion pour la musique. Dans ce premier disque, on retrouve 17 titres (y compris les préludes et un istikhbar), entre compositions originales et reprises, qui présentent l'univers d'El-Dey, la riche palette de ses influences et son identité. Le groupe, qui se présente comme pratiquant "une musique algérienne libre", confirme effectivement cette tendance ou cet ancrage à travers ce premier opus. Mais 17 titres, n'est-ce pas un peu trop ?! Pour Samir Merabet (guitare, guembri, chant), membre du groupe, "c'est une réaction qu'on a eu de la part de beaucoup de gens, parce qu'il est vrai que les normes algériennes pour un album, c'est entre 10 à 12 titres. Dans les normes internationales, c'est plutôt entre 14 et 15 titres. Mais la raison qui nous a poussé à proposer 17 titres est que l'album a trop tardé. C'est un projet qui a quand même pris deux ans de travail intensif (entre le studio et la préparation spéciale de l'album). Le public était impatient de découvrir notre musique, nos différents styles. Et on s'est donnés à fond pour cet album". Le résultat est lumineux ! À commencer par les reprises. On retrouve une très belle version de Babor Ellouh —morceau du patrimoine chaâbi repris, notamment, par le regretté Abdelkader Guessoum — avec des sonorités latino ; Noudjoum Ellil de Cheikh El-Hasnaoui, qui rappelle le style ahellil ; et La ilah illa Allah, une chanson du répertoire marocain, inspirée de la reprise qu'avait faite Youcef Boukella, mais avec une orchestration aux accents pop et flamenco. El-Dey propose une version très personnelle du titre Achak Ezzine, un texte du patrimoine (interprété notamment dans le chaâbi et l'andalou), qui date du XVIIIe siècle, et chante Bnat El-Bahdja, un texte écrit en 1957 par Mohamed Bouafia, le père du percussionniste du groupe Mounir Bouafia. "On voulait rendre hommage à Mohamed Bouafia, qui est l'un des pionniers du chaâbi, en rejouant ce titre en 2014", nous explique notre interlocuteur. Sur cet album, on retrouve également Zinou Dekhlani, un morceau aux accents latino, fortement inspiré de Ya Djilali daoui hali (Djilala, un morceau de Diwane), mais avec des arrangements et un texte signés El-Dey. Un travail remarquable d'orchestration, qui va dans le sens de la suggestion et de la subtilité. Le titre Kamr Ellil est également une très belle proposition musicale, qui rappelle le style sahraoui — dans la manière de chanter —, mais également les musiques du Sud algérien. Dans le morceau Flamengnawa, les influences du groupe semblent se dessiner, puisqu'il n'est pas tout à fait question de flamenco, et encore moins de gnaoui ou de diwane. C'est un morceau harmonieux, riche en rythmes, en sons, en couleurs. Tout en subtilité. Samir Merabet a tenté de nous expliquer le style El-Dey : "On peut dire que c'est tout simplement le style El-Dey. Un univers très métissé, très diversifié en termes d'influences, de sonorités, de styles musicaux. Nous on explique ça très souvent par notre algérianité qui est à la base de tout ce métissage. Le groupe a essayé dans cet album de se montrer lui-même." Manwelliche ellour, titre qui clôt l'album, est à contre-courant de tous les morceaux qui existent sur ce disque, avec un texte profondément amarré dans la réalité d'une jeune génération qui a souvent été marginalisée, mais qui n'a que l'avenir vers lequel elle peut porter ses espoirs. Signalons enfin la qualité des textes de cet album, les petites allusions à différents courants musicaux et à l'ancrage profondément algérien d'El-Dey, qui reste ouvert et attentif aux pulsations du monde qui l'entoure. S. K Lire l'entretien que nous a accordé Samir Merabet, membre du groupe El Dey, sur : www.liberte-algerie.com El Dey. Album éponyme, 17 titres. Editions Padidou. 150 DA. Suivre les actualités du groupe sur : https://fr-fr.facebook.com/eldey.officiel Nom Adresse email