Un policier, comme un magistrat, n'est qu'un représentant de la loi. Sa mission consiste à veiller au respect et à la stricte application de la législation. Dans l'exercice de ses fonctions, il est censé, lui-même, observer scrupuleusement les textes, avant d'exhorter ses concitoyens à en faire autant. Pour ainsi dire, il doit constamment donner l'exemple. Aucune disposition réglementaire ne l'autorise à se faire justice ou à s'ériger en super-citoyen. Mais dans des moments de grande tension, des agents de police ou des gendarmes cèdent à la provocation et outrepassent leurs prérogatives. L'affectif prend alors le dessus sur le devoir au grand préjudice de l'éthique professionnelle et de l'image du corps de la police. La vidéo, montrant un manifestant lynché par des policiers à Tizi Ouzou, établit un cas de dépassement incontestable. Réagissant à chaud à cette bavure, la Dgsn a immédiatement annoncé l'ouverture d'une enquête interne. Quatre ou cinq policiers ont été suspendus à titre conservatoire en attendant les conclusions définitives de l'enquête. Le premier responsable de la sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, s'est engagé à identifier les fautifs et à sévir contre eux. Le ministre de l'Intérieur lui emboîte le pas en promettant de faire toute la lumière sur cette affaire. «Si des preuves corroborent les faits signalés, ces personnes seront déférées devant la justice comme tous les citoyens. À défaut de plainte, des sanctions administratives seront imposées aux personnes impliquées. Il est de notre intérêt et de celui des citoyens d'établir la vérité. Il s'agit d'abord de procéder aux investigations nécessaires avant de rendre publics les résultats», tranche Tayeb Belaïz. Précédemment, à Ghardaïa, d'autres policiers ont été sanctionnés pour des raisons similaires. Dans d'autres wilayas encore, des condamnations identiques ont été déjà prononcées. On a l'impression que cela ne suffit pas. Les citoyens, notamment les jeunes, se plaignent régulièrement de l'attitude grossière et provocatrice des agents en uniforme bleu. Que cela soit à l'entrée d'un stade de football, à la sortie d'une salle de spectacle ou dans un barrage routier, nos compatriotes, pour le dire crûment, estiment que les policiers s'allument vite, et recourent sans sommation à la matraque et aux vulgarités. Pour se rapprocher vraiment des citoyens, la Dgsn doit mener au quotidien des inspections surprises pour prévenir ces abus. Dans les cycles de formation de la police, on doit également insister sur ce sens civique qui semble faire défaut à certains. L'excès de zèle, l'abus d'autorité et l'impolitesse de tous les jours enveniment les rapports entre la police et les jeunes. Et le jour de la manifestation, les rancœurs accumulées nous explosent à la figure. Il faut faire un travail de longue haleine, car la sanction, à elle seule, ne suffira pas. K. A.