Tout développement et croissance sont tributaires des performances économiques du pays. Et quand on parle d'essor économique on doit s'adosser à une structure bancaire et une politique financière appropriées, adaptées, réactives et compétitives. L'économie algérienne s'étant ouverte aux investissements et aux marchés étrangers (partenariats bilatéraux, accord d'association avec l'Union européenne, adhésion à la Zone arabe de libre échange...) a dû s'adapter aux mutations que cette ouverture, qui va s'élargissant, avec l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) notamment. Elle a ainsi revu son code des investissements, sa loi sur les crédits et la monnaie et a engagé une réforme bancaire pour être au diapason avec les nouvelles donnes. Mais des lacunes, des insuffisances, des imperfections et des lenteurs ont persisté, tant endogènes qu'exogènes, montrant les limites des actions menées. «Les banques ne jouent pas le jeu.» C'est une phrase qu'on a tant de fois entendue dans la bouche d'opérateurs économiques se plaignant des difficultés procédurières qu'ils rencontrent à chaque fois qu'ils ont affaire à ces institutions ou pour bénéficier de crédits. «Les banques sont obligées d'appliquer et de respecter les règles prudentielles en matière de crédits», répondent les banquiers. Toutefois, entre les deux, des voix avisées expliquent que les premiers comme les seconds n'ont pas complètement tort. Abderrahmane Benkhalfa est une de ses voix. Ancien délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef) et expert financier, il parle es qualité et il a affirmé, hier, sur les ondes de la Radio nationale, que la deuxième génération de la réforme financière et de la réglementation bancaire est aujourd'hui une nécessité impérative pour permettre à l'économie algérienne de devenir transparente et compétitive. Il dira que cette deuxième phase de la réforme est prévue par le gouvernement et devra se déployer sur trois axes majeurs : la poursuite de l'investissement dans le secteur financier, la révision de la gouvernance des banques publiques, et le développement des moyens de paiement modernes pour freiner l'informel. À bien y regarder, hormis la poursuite des investissements, la deuxième phase ressemble à s'y méprendre à la première. La gouvernance des banques a été déjà révisée sans donner les résultats escomptés. Les banques publiques se font damer le pion par celles privées qui, en plus d'offrir de meilleures prestations leur permettant d'agrandir leur part de marché, sont plus offensives et réactives. Le crédit à la consommation interdit, elles proposent à leur clientèle un produit qui y ressemble sans avoir le même nom, et ça marche. Les banques publiques se contentent, elles, d'attendre le chaland, l'obligation de résultats n'étant pas incluse dans le cahier des charges des responsables. Quant à la numérisation des paiements et leur généralisation pour bannir le mode scriptural et freiner l'informel, on se souvient de cette fameuse décision d'imposition le payement par chèque sur laquelle l'Etat a vite fait de revenir, reculant face à quelques centaines de jeunes sortis manifester dans la rue, c'est dire le poids de l'informel qui arrive à phagocyter toute une économie en tenant en respect l'appareil de l'Etat. Aujourd'hui, on promet que l'Etat reviendra et imposera de nouveau le chèque dont il a déjà introduit l'usage à dose homéopathique. On ne demande qu'à voir. M. Benkhalfa est du même avis et soutient que la nouvelle réglementation bancaire doit refléter la réalité de l'économie et l'aider à lutter contre l'économie informelle. «Nous avons aujourd'hui un secteur bancaire solide, mais commercialement faible», soutient-t-il. Or, la lutte contre l'économie parallèle et la promotion de l'économie passent par le développement d'un secteur bancaire et financier performant. La priorité aujourd'hui est de «poursuivre la réforme bancaire inachevée», ajoutera l'expert qui ira plus loin en préconisant la fixation et la stabilisation de la valeur du dinar. À ce titre, il plaidera pour une dévaluation du dinar pour aider les entreprises nationales à développer leurs exportations, car la valeur officielle d'une monnaie reflète la compétitivité de l'économie du pays. Or, en Algérie, le dinar officiel n'a pas la même valeur que le dinar sur le marché informel, ce qui n'est pas fait pour encourager les investisseurs. «Il faut que le dinar retrouve sa confiance», conclut M. Benkhalfa. H. G.