La réforme du système financier a été au cœur des travaux du premier colloque international organisé par l'Ecole supérieure de commerce ESC, hier à Alger, dont la thématique a porté sur le système financier et la croissance économique. Un sujet d'actualité qui a attiré de nombreux universitaires arabes ayant pris part à la rencontre aux côtés de leurs collègues algériens. Intervenant à son ouverture, le Dr Latrech Tahar, président du colloque, a, d'emblée, affirmé que «pour pouvoir déclencher un processus de croissance soutenu qui dure dans le temps, il faut avoir au préalable un système financier développé» qui peut mobiliser les ressources financières disponibles et pouvoir financer les secteurs économiques. «Lorsque cet objectif est réalisé, a-t-il ajouté, cela veut dire que toutes les autres décisions économiques se prennent à un niveau optimum». Dans le même sens, l'universitaire Bouaichi Numidia fera savoir que le système bancaire algérien est encore à la traine loin derrière ceux de nos pays voisins. Elle expliquera que «le développement financier au Maroc et en Tunisie est le résultat des réformes financières engagées depuis les années 1980, et qui se sont opérées dans une trajectoire positive». Pour elle, «les systèmes financiers de ces deux économies ont enregistré une nette amélioration dans la politique de collecte de ressources, la politique d'octroi de crédit ainsi que dans le cadre global de supervision et de contrôle des institutions». Quant à l'Algérie, l'universitaire estime que «les réformes engagées depuis 1990 n'ont pas atteint les objectifs souhaités». Elle juge que «le soutien systématique du secteur des hydrocarbures et le placement de ses recettes en dépôt à vue créent une certaine illusion dans les performances et la solidité des banques». Une idée partagée par Samir Bellal de l'université de Boumerdès. Ce dernier a affirmé dans sa communication que «la persistance des comportements rentiers interpelle l'Etat dans son rôle de régulateur». Il explique, en outre, que ces «comportements rentiers sont tout ce qu'il y a de rationnels et il serait vain de vouloir s'y attaquer sans modifier la structure incitative que véhicule le mode de régulation de l'économie nationale». Il juge que «l'intérêt de la collectivité ne se confondant pas avec celui des rentiers, il est en principe du devoir de l'Etat d'intervenir afin de canaliser les comportements économiques des différents centres d'accumulation, capital étranger compris, dans le sens d'un élargissement des activités productives». Pour le système bancaire, Bouhadida Mohamed, de l'Ecole supérieure de commerce, résume la situation. Il affirme qu'il (le système bancaire) a connu plusieurs réformes et mutations en vue d'améliorer sa performance et revoir ses principales missions et vocations, néanmoins, le niveau des prestations reste toujours en-dessous des attentes des différentes parties prenantes. Ce qui s'est traduit, à ses yeux, par des phénomènes contraignants tels que la non satisfaction des clients de la qualité des prestations fournies, la quasi absence de l'engagement des banques et institutions financières dans le développement environnemental, et des pratiques n'obéissant nullement aux règles d'éthique recommandées dans les chartes du métier et qui se sont manifestées par des scandales financiers fréquents. S. B.