Des experts et opérateurs bancaires ont appelé dimanche à Alger, à mettre au point un système juridique pour l'encadrement des prestations bancaires islamiques, la facilitation de leur intégration dans le marché financière en Algérie et le renforcement de leur contribution au financement de l'économie nationale. "Les spécificités de la finance islamique sont applicables dans la réalité mais non réglementées par les textes de lois", a indiqué le secrétaire général de la Banque Al Baraka Algérie, Nacer Haider, lors des travaux du colloque international de l'industrie financière islamique affirmant que le développement de ce genre de services exige un cadre règlementé propre. Il a précisé à ce propos, que les textes de lois en vigueur en Algérie n'interdisent pas les transactions bancaires islamiques mais ne font pas de distinction entre celles ci et les transactions conventionnelles, soulignant que leur gestion passe, par conséquent, par des adaptations procédurales effectuées par la Banque d'Algérie. M. Haider a estimé que l'absence d'un cadre juridique pour la finance islamique a soumis cette dernière à une gestion conventionnelle sans atteindre, pour autant, l'objectif principal de ce système. De son côté, l'expert en économie, Suleiman Nasser, a affirmé que l'encadrement de ce type de services permettra de résoudre le problème de contrôle sur les banques islamiques en prenant en compte leurs spécificités lors du calcul des indices fondamentaux de l'action bancaire comme le taux de fluidité et le capital. Ali Kessa, enseignant à l'université d'Alger, a jugé quant à lui, "impossible le développement du secteur de la finance islamique dans un environnement de travail conventionnel", insistant sur l'amendement des lois bancaire, monétaire, sur le commerce et les impôts dans le but de permettre l'assimilation de ce type de prestations bancaires. Le volume des avoirs liés aux prestations bancaires islamiques au niveau mondial oscille entre 1,5 et 2 trillions de dollars avec un taux de croissance annuel variant entre 15 et 25%, selon les estimations des experts présents à la rencontre. D'autre part, l'expert de la finance islamique, l'égyptien Hussein Hamed Hassen, a expliqué que les taux de croissance élevés du secteur sont dus au traitement avec l'économie véritable. "Les deux systèmes évoluent dans un même sens", a-t-il encore dit. Le directeur général de la Banque Zeitouna en Tunisie, Azzedine Khoudja, a estimé que le secteur doit passer à l'étape de l'amélioration qualitative pour proposer un type de finance bancaire basé sur des règles scientifiques, rappelant que les pays du Maghreb arabe peuvent apporter un plus dans ce domaine. L'expert Abdelmadjif Keddi a relevé, lui, plusieurs lacunes dans le système conventionnel, déplorant la localisation de cette finance dans la région du Golfe. La finance islamique est présente en Algérie à travers trois banques outre les quatre autres qui se préparent à ouvrir leurs guichets dans les années à venir, selon les experts. Enfin, M. Haider a indiqué que "les banques islamiques en Algérie sont en mesure de contribuer au développement du secteur bancaire et de répondre aux besoins de l'économie nationale si les mécanismes de maitrise du risque venaient à être régulés".