Même si l'arbitre n'est ni coupable ni victime, il reste le suspect numéro un. Si, ailleurs, l'erreur est humaine comme on dit, le débat porte beaucoup plus sur la meilleure manière d'améliorer le niveau de l'arbitrage et de limiter au maximum les fautes qui peuvent fausser le résultat d'un match. Evoquant à chaque fois l'inexistence de preuves tangibles, peut on alors dire que les arbitres chez nous sont corrompus ou pas ? L'arbitrage est régulièrement mis à l'index par certains acteurs du football algérien, dont le président Belaïd Lacarne de la commission nationale d'arbitrage, déchargé de ses fonctions. Depuis l'entame du championnat en cours, plusieurs arbitres, et non des moindres, ont accumulé un nombre impressionnant d'erreurs d'arbitrage dont certaines ont influé sur le résultat final de plusieurs rencontres. Mais il aura fallu attendre le match ES Sétif-CABBA qui entrait dans le cadre du déroulement de la 27e journée du championnat professionnel de Ligue 1, pour que les événements s'emballent sérieusement, cette fois en accusant les 22 acteurs d'avoir «arrangé» le match, sous l'œil complice de l'arbitre. L'éviction du président de la CNA, Belaïd Lacarne ne risque pas de l'apaiser, puisque le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, et la commission installée pour gérer l'arbitrage, affirment avoir passé au peigne fin les prestations de la crème de nos arbitres et suggèrent que leurs erreurs d'arbitrages auraient influencé le résultat final dans 28% des matchs qu'ils ont arbitrés durant le championnat et dans 6 matchs sur 13 de la Ligue 1 Mobilis. L'étude a cependant quelques limites puisqu'elle n'est basée que sur les résumés des matchs et qu'elle n'a pas pris non plus en compte les erreurs d'arbitrage sur les phases de hors-jeu qui ne seraient imputables qu'aux juges de touche, plutôt qu'au premier sifflet. Voilà qui donnera en tout cas de l'eau au moulin de tous les pourfendeurs de notre arbitrage et notamment aux clubs en course pour la deuxième et troisième place, qui ont longtemps décrié l'arbitrage algérien Une réunion intéressante selon la commission, qui avait été agréablement surpris de constater que des analyses détaillées et systématiques de toutes les rencontres de l'année passée ont été faites. Cela a permis d'en retirer des statistiques intéressantes, comme la moyenne de fautes sifflées par match et par arbitre, ainsi que les erreurs d'arbitrage par type de jugement. En clair, on pourra dire si oui ou non l'avantage ou le désavantage occasionné par l'arbitrage par rapport à un club est le fruit du hasard, comme on peut l'espérer, ou non. Pour éviter d'autres erreurs et d'autres confits entre les clubs et la CNA, le bureau de la Fédération algérienne de football (FAF), a décidé de créer une commission de désignation des arbitres pour les championnats des Ligue 1 et 2 professionnelles, de la ligue nationale amateur et de la ligue Inter-régions, a annoncé la FAF sur son site officiel. Des représentants de ces ligues siègeront au sein de cette commission, précise la même source. La commission fédérale des arbitres (CFA), présidée par Belaïd Lacarne, qui était auparavant chargé de la désignation des arbitres, a vu ses prérogatives limitées, elle devra désormais se consacrer à la «formation et le recyclage des arbitres, dans les meilleures conditions et sur la base du programme de développement arrêté». Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a donné, au cours de cette réunion du bureau fédéral, des orientations strictes pour la refonte du système d'organisation de la commission d'arbitrage. Dans le cadre du programme d'activité de la CFA, le président de la FAF «instruit toutes les structures d'arbitrage au sein de l'ensemble des ligues, pour qu'elle accorde une attention particulière à la bonne gestion de l'arbitrage, élément crucial, de la bonne santé du football national», a souligné l'instance fédérale. «L'ensemble des arbitres sont appelés à se mobiliser et à s'impliquer pleinement dans la direction des matchs pour lesquels ils sont désignés. Ils sont astreints à appliquer scrupuleusement et avec la rigueur requise les lois du jeu de football. Aucun manquement ne sera toléré», conclut la FAF. Justice sportive n'a malheureusement pas été rendue. Cette désignation de la FAF, même si elle n'a rien changé aux déroulements et aux résultats des matchs, elle a quelque peu calmé plus ou moins la colère noire des dirigeants, de l'entraîneur et des joueurs sans oublier les supporters. Cette erreur, qui n'est pas la seule puisque plusieurs autres ont été constatées lors de cette 29e journée de Ligue 3 Mobils, l'arbitrage partial de Mial, a davantage alimenté le débat sur l'arbitrage en Algérie, qui sera pourtant présent lors du prochain Mondial brésilien 2014. Une nouvelle organisation de l'arbitrage la saison prochaine Le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, a annoncé mercredi la mise en place d'une nouvelle organisation du corps arbitral à partir de la saison prochaine, après les critiques que ne cesse de subir ce secteur. «Il y aura une nouvelle organisation du corps arbitral la saison prochaine, par laquelle nous espérons apporter des remèdes aux lacunes constatées dans ce secteur», a déclaré le premier responsable de la FAF lors de l'assemblée générale ordinaire de sa structure tenue à Alger. L'arbitrage est au centre d'une interminable polémique depuis le début de cet exercice 2013-2014. Il ne se passe pas une journée de championnat dans les deux ligues professionnelles ou un tour de Coupe d'Algérie, sans que les hommes en noir ne soient montrés du doigt par les dirigeants, entraîneurs, joueurs et supporters des différents clubs. «Personne n'est parfaite. Les arbitres peuvent bien se tromper, mais on ne leur pardonne pas les erreurs à répétition. D'ailleurs, lors d'une récente réunion tenue avec eux, je les ai mis en garde contre cela, tout en les avertissant que des sanctions sévères seront prises», a ajouté Raouraoua. Le parton du sport-roi en Algérie a néanmoins vanté le travail de formation accompli par la commission fédérale d'arbitrage (CFA) sous la présidence de l'ancien arbitre international Belaïd Lacarne, tout en l'encourageant à poursuivre les efforts. Des propos assimilés à un renouvellement de confiance au président de la CFA, très contesté du reste par un grand nombre de dirigeants de clubs, selon les observateurs. Raouraoua a reconnu, en outre, qu'il y a un déficit énorme des arbitres exerçant dans les différents championnats d'Algérie, un déficit que la CFA est en train de tout faire pour le combler, selon ses dires. Et pour réunir justement les conditions nécessaires aux «referees» afin d'exercer leur mission dans la sérénité totale, le président de la FAF a annoncé l'entame prochaine de la réalisation d'émissions télévisées visant la vulgarisation des lois de jeu en direction des joueurs, des dirigeants et des supporters. «Nous allons bientôt financer des émissions télévisées visant à faire connaître les lois de football à tous les acteurs de la balle ronde ainsi que les spectateurs. Nous estimons qu'une fois les règles du jeu connues, cela aidera certainement à diminuer les polémiques autour de l'arbitrage que nous constatons après chaque journée de championnat», a-t-il estimé. N. B.