Photo : Zohïer Par Abderrahmane Semmar En Algérie, le chômage pousse de nombreux chômeurs à se réfugier dans la consommation de tabac. C'est la conclusion à laquelle est arrivée une étude réalisée récemment par l'hôpital psychiatrique de Annaba. Selon cette étude, qui porte sur un échantillon de 3 000 citoyens résidant dans les wilayas de Annaba, El Tarf, Souk-Ahras, Tipasa et Guelma, 83% des fumeurs sont des chômeurs qui se réfugient dans le tabac pour fuir l'oisiveté et la routine. S'exprimant sur les résultats de l'étude, le professeur Bani Tefahi, psychologue au sein de l'hôpital psychiatrique de Annaba, met l'accent sur la gravité d'un phénomène qui prend des proportions alarmantes, notamment au sein des jeunes chômeurs. Par ailleurs, l'étude précise que le tabagisme touche pas moins de 30% des personnes âgées entre 30 et 40 ans. Aussi, 30% également des personnes âgées entre 20 et 30 ans sont concernées par ce fléau. D'autre part, 33% des personnes âgées entre 40 et 50 ans sont des fumeurs invétérés. Il est signalé, en outre, que le taux le plus élevé de fumeurs est enregistré chez les tranches d'âge de 50-60 ans et chez les 60-70 ans avec plus de 60 % de fumeurs. 90% des fumeurs sont célibataires Concernant le taux de consommation de cigarettes, les chiffres indiquent que 66,4% des consommateurs fument entre 1 et 5 cigarettes par jour alors que 25% consommeraient plus de 10 cigarettes. Ces taux élevés sont à l'origine, notent les spécialistes, de sévères crises respiratoires, de cas de cancer du poumon, de troubles visuels ainsi que de plusieurs cas d'anorexie. L'étude démontre également que 90% des célibataires qui fument affirment vivre dans des conditions difficiles. L'instabilité familiale et les pressions psychologiques qu'ils subissent au quotidien sont, de leur propre aveu, les principales motivations de leur accoutumance. Pour ce qui est du statut personnel des fumeurs, l'étude nous apprend que 66% sont mariés alors que 33 % sont divorcés. Soulignons enfin que 7 000 fumeurs succombent, chaque année, des suites d'une crise cardiaque, 5 000 d'autres seraient atteints d'un cancer du poumon, alors que 3 000 meurent suite à de sévères difficultés respiratoires. Face à cette situation, les spécialistes n'hésitent plus à tirer la sonnette d'alarme et appellent à adopter en urgence des mesures sévères pour contrecarrer l'expansion du tabagisme en Algérie. L'urgence d'une nouvelle législation A ce propos, il convient de signaler qu'en vue de réduire le taux de mortalité lié à la consommation excessive de tabac, des spécialistes préconisent la mise en vigueur de la loi anti-tabac promulguée par le ministère de la Santé en 2000 et qui porte sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics couverts. Ainsi, la lutte contre le tabagisme doit passer, selon bon nombre de spécialistes, par l'adoption d'une nouvelle législation antitabac plus sévère qui entrera dans le cadre du programme national de lutte contre le tabac dans les lieux publics.