Samir Ould Ali Avec les théâtres Abdelkader-Alloula et Hasni-Chekroun, les arènes romaines d'Eckmühl, les dizaines de salles de cinéma et autant de maisons de jeunes, les sites archéologiques etc., la wilaya d'Oran dispose d'un important potentiel en termes d'infrastructures culturelles. Malheureusement, pour la capitale de l'Ouest et ses habitants, seuls le Théâtre régional et la Cinémathèque fonctionnent de manière régulière, le théâtre de verdure n'ouvrant que pendant la saison estivale, la majorité des salles de spectacles étant à l'abandon (à l'exception du Maghreb et Es-Saada qui servent davantage aux manifestations politiques qu'aux projections) et les sites archéologiques, comme nous avons pu le voir durant le Mois du patrimoine, ne sont pas encore sortis des méandres de l'oubli. C'est dire que ce n'est pas vraiment le manque d'espaces qui empêche le réveil culturel de la capitale de l'Ouest, mais bien le refus des pouvoirs publics de les réhabiliter, l'absence d'une politique culturelle et le manque d'entrain des artistes qui ont fini par céder à la résignation. Depuis que décision avait été prise, dans le milieu des années 1980, de rétrocéder la gestion des salles de cinéma aux opérateurs privés, les autorités locales ont toujours soutenu qu'elles allaient tout faire pour sauver le cinéma du déclin qui s'annonçait : la projection vidéo remplaçait le grand écran, des films à caractère pornographique étaient projetés sans souci de la présence de mineurs, des salles étaient progressivement détournées de leur vocation... bref, les années 1990 avaient très vite scellé le sort des salles de spectacles sans que les pouvoirs publics ne lèvent le petit doigt. Aujourd'hui, la Cinémathèque - seule rescapée du déluge de l'inculture qui s'est abattu sur Oran- réussit péniblement à maintenir des séances de projection mais le mal est déjà fait puisque, durant les 20 années qui ont suivi la rétrocession des cinémas, la population des cinéphiles s'est considérablement réduite. Et ce n'est certes pas l'institutionnalisation d'un festival annuel qui a réussi - ni ne réussira- à rendre aux salles de cinéma oranaises leurs lettres de noblesse. Ce qui est valable pour les salles de cinéma l'est également pour le théâtre ou la musique, qui disposent d'infrastructures, mais pas de politique de promotion chez des responsables de la culture incapables d'impulser une véritable dynamique de développement qui suscite l'adhésion de tous les acteurs. Ce qui a poussé de très nombreux artistes à chercher refuge dans d'autres pays où des espaces d'expressions différents tel qu'Internet ou les «nouveaux» cafés qui leurs offrent la possibilité de révéler leur talent. S. O. A.