Un vibrant hommage a été rendu au regretté M'hamed Benguettaf lors de la cérémonie d'ouverture de la 47e édition du Festival national du théâtre amateur à Mostaganem, dont le coup d'envoi a été donné à la Maison de la culture Ould Abderrahmane-Kaki de Mostaganem par le commissaire de la manifestation, Rachid Djerourou. Le spectacle d'ouverture, mis en scène et conçu par Fethi Kafi, est en fait un montage et une adaptation de trois œuvres majeures du dramaturge Benguettaf : Les martyrs reviennent cette semaine, Fatma et La répétition. Ces pièces résument trois thèmes cardinaux dans l'écriture du disparu, en l'occurrence, les repères identitaires, la condition féminine et la mise en abîme. Cette œuvre mosaïque agrémentée de chants et musiques est talentueusement interprétée par le mounchid Bendehiba Benalia et les comédiens Fatima Cheikh Djaousti, Bouhella Arslane et Fethi Kafi. Disparu au mois de janvier passé, M'hamed Benguettaf, comédien, dramaturge et directeur du Théâtre national algérien, a marqué d'une empreinte indélébile le 4e art algérien par ses talents d'interprète, d'écriture mais aussi par le fait d'avoir construit de réelles passerelles entre le théâtre étatique et celui dit «amateur». En vérité des troupes indépendantes dont la pratique théâtrale est une véritable passion. En tant que 1er responsable du Théâtre national algérien, M'hamed Benguettaf avait ouvert les portes du théâtre national pour que les troupes indépendantes puissent s'exprimer sur les planches officielles devant un plus large public. Il avait réussi à relever le défi de démontrer le professionnalisme de ces troupes, longtemps marginalisées par les structures étatiques, en les intégrant dans la compétition et le programme off du Festival national du théâtre professionnel d'Alger, afin d'une part leur donner une plus grande visibilité et d'autre part leur permettre de se frotter et concurrencer les professionnels du théâtre étatique. M'hamed Benguettaf avait ainsi œuvré pour la promotion des talents et de la jeunesse sans aucune distinction, avec pour seul critère les compétences sur les planches. Il était également présent à chaque édition du Festival du théâtre amateur de Mostaganem, afin, tel qu'il l'avait confié de son vivant, de «percevoir les pulsions de la créativité théâtrale chez les jeunes de l'Algérie profonde. Car ces jeunes font du théâtre avec leurs tripes. C'est un élément très important cette ferveur d'être sur les planches, le reste est une question de formation et on est là pour encadrer les meilleurs». M'hamed Benguettaf lors de ses séjours à Mostaganem dans le cadre du festival prenait également le temps de discuter avec les festivaliers afin de partager son expérience et ne tarissait pas de conseils et d'orientations aux participants. «Mesk El Ganayem» était également une halte pour l'écriture, pour Benguettaf et avec sa grande modestie, il aimait lire les passages fraîchement pondus pour avoir les impressions et les critiques de ses proches auditeurs. Pour toutes ces raisons, l'émotion était très présente lors de cet hommage à celui que l'on a surnommé «cheikh» et lors de la projection des photos de lui, et également de grands noms du théâtre algérien disparus à l'instar de Abdelkader Alloula, Djillali Benabdelhalim, Benmokadem Abdelkader et Ould Abderrahmane Kaki, certaines personnes n'ont pu retenir des larmes silencieuses qui coulaient sur leurs joues. Aujourd'hui, c'est à la relève de prendre le flambeau et à œuvrer pour la promotion du 4e art algérien. C'est dans cet esprit que dans son allocution d'ouverture, le commissaire du festival, Rachid Djerourou, a estimé que cette manifestation demeure «le fleuron de la création théâtrale, véritable pépinière de talents et de découvertes esthétiques». Il a également évoqué lors de son allocution le rôle important joué par les fondateurs de ce prestigieux festival, à l'instar de Kaki et de Djillali Benabdelhalim, rapporte l'APS. Il est à noter que sept œuvres théâtrales sont en compétition dans le cadre de cette 47e édition qui s'étalera jusqu'au 31 mai prochain. Le grand prix du festival, d'une valeur de 500 000 DA, sera octroyé au lauréat qui sera désigné par un jury présidé par le dramaturge Djamel Bensabeur et composé des comédiennes Samira Sahraoui et Fadila Assous, du metteur en scène Souhali Salim et du scénographe Zaaboubi Abderrahmane. Il est également prévu, en hors compétition, des représentations au niveau des théâtres régionaux de Mascara et de Saïda. En marge de cette manifestation, un colloque sur la vie du dramaturge Ould Abderrahmane Kaki sera organisé, en plus de conférences sur «La mise en scène entre amateurisme et professionnalisme» et le tournage de tous les spectacles participants avec la réalisation d'un film documentaire sur le parcours du festival de 52 minutes. Fait inédit cette année un comité «Network passerelles», composé de douze académiciens et critiques de théâtre devra animer des débats ouverts avec des jeunes amateurs de théâtre. S. B.