Le long métrage Revolution Zendj de Tariq Teguia a été projeté hier, en avant première nationale, à la salle Ibn Zeydoun. Coproduit notamment par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel et Yacine Teguia, le film a comme trame l'histoire Ibn Battutâ, journaliste dans un quotidien algérien, qui, suite à un reportage sur des émeutes et affrontements communautaire à Berriane à Ghardaïa, décide de faire une enquête les révoltes oubliées des Zendjs (Noirs) du 8e au 9e siècle sous le Califat abbaside en Irak. Cette quête va le mener de Beyrouth, où il fera la rencontre de Nahla jeune étudiante en Grèce, d'origine palestinienne, qui transporte des fonds pour la cause palestinienne. De ce point de départ la caméra de Teguia emmènera les cinéphiles non seulement à Beyrouth, ville des résonances de toutes les luttes, mais également à Baghdad, New York et Athènes. Tarek Teguia confie lors de la conférence de presse, après la projection, que «l'enjeu de ce film était de mettre en liaison les combats et les luttes des deux côtés de la Méditerranée. Il s'agissait de montrer que ces luttes au sud de la Méditerranée concernaient aussi le Nord. Il s'agissait de montrer un entrecroisement de lignes. Une carte des tensions, des lignes mais aussi des échecs». Il affirme qu'il «s'agissait de donner une réponse politique à la mondialisation en cours, celle des marchés, s'il il n y avait pas aussi une mondialisation. L'une des questions formulées dans le film» Ainsi, il faut voir le modèle de la révolution Zendj comme un paradigme des luttent ancestrales qui perdurent, dont les visages changent, mais toujours présentes, toujours à se réinventer, il s'agissait aussi de filmer des obstinations Il est à noter que le film a été écrit avant les révoltes arabes et le tournage avait commencé quelques mois avant. A ce propos le réalisateur souligne : «Le cinéma sert aussi à rendre compte de ce qui n'est pas visible mais qui est latent.» A propos de la démarche esthétique du film, le réalisateur souligne que ce film est aussi «à la mémoire Jackson Pollock, inventeur de l'expressionnisme abstrait américain. Un film se construit avec tout ce qui nous tombe sous la main, y compris la littérature avec la déclamation du poème ‘'Mobiles'' de Michèle Buthor, la peinture et la musique», il s'agit ainsi de «dire le monde fragmentaire/ fragmenté et ramasser ce que l'on a sous la main. Il s'agit de ne pas reproduire ce qui a été déjà fait dans les précédents films. Il faut que chaque film soit en lui-même une nouvelle expérience d'explorations de réinventions des formes». A propos des personnages représentant les multinationales et les entrepreneurs anglo-saxons, Tarek Teguia souligne que ces «personnages burlesques et caricaturaux, nous ramènent à la dureté du monde et au sol, c'est-à-dire que les révolutions dans le sens des changements radicaux se sont eux qui les mènent. Ceux qui luttent contre toutes les formes d'injustices ont beau être dans l'utopie mais il faut avoir la force de ses désirs et ces entrepreneurs ils l'ont. Ils remodèlent des régions entières et ils ont la puissance de leurs intentions. Il y a beaucoup de révolutionnaires ou de prétendus révolutionnaires, et il y en a qui la font réellement et qui arrivent à changer le monde a leur image et qui le disent dans une rue un peu délabrée de New York. j'aime l'Irak c'est une page blanche on peut y écrire ce que l'on veut ce n'est pas juste des paroles mais elles se traduisent en actes». Concernant le choix de la parcimonie des dialogues et de la bande son, le réalisateur explique que «le silence est un moyen de faire entendre des choses. Le silence permet de rendre les paroles ou la musique choisies plus perceptibles. Il s'agit aussi de rythmer le film grâce à ces silences». Dans la dernière séquence de la révolte des étudiants à Athènes, dominée par le contraste du rouge et du noir, le réalisateur confie : «J'espère pouvoir offrir une lecture polysémique, le noir à l'anarchie et le rouge pour les couleurs du combats. Ce sont de véritables images d'archives qui ont été difficiles à tourner à Athènes. Le travail de très forts contrastes, le travail d'une recherche formelle tout cela s'articule pour donner de la forme au film. J'espère que le film ne soit pas juste vu d'un seul point de vue mais qu'il va se déployer et prendre toute les directions pour des lectures polysémiques» S. B.