Artistes algériens exilés ou artistes des deux rives, ils sont nombreux à avoir marqué des générations et réconforté ces gens loin de leurs pays. Du regretté Cherif Kheddam en passant par Na Cherifa ou encore Lili Boniche et Warda El Djazaïria, voilà que le nom de Noura vient allonger la liste des artistes de l'immigration disparus et qui ont porté haut un patrimoine artistique et culturel inestimable. Suite à la disparition le 1er juin dernier de Noura, après une longue maladie, un appel a été lancé pour la sauvegarde du patrimoine de l'immigration de France et préserver ainsi le legs de ces artistes qui ont dignement représenté leurs pays. Publié dans la revue Télérama, cet appel est signé par une historienne, une réalisatrice et des journalistes qui ont voulu rendre un dernier hommage à la diva. Dans cet appel, l'artiste est décrite comme la «chanteuse fétiche des femmes algériennes en France, nombreux sont les enfants de l'immigration qui ont grandi au son de la diva et des chants de leurs mères, nostalgiques des montagnes du Djurdjura ou des rues d'Alger», rapporte le document en ajoutant : «Elle disparaît alors qu'émerge une mémoire de l'immigration qui prend en compte l'apport culturel de ces artistes de France.» Le document rappel aussi la remise à Noura et Kamel Hamadi, des insignes de chevalier des Arts et des Lettres au nom de la République Française par les membres du groupe Zebda. Un événement qui symbolise la transmission culturelle en terre de France, celui d'«un héritage fécond, poétique et musical qui ancre dans les mémoires et dans l'Histoire ce répertoire de l'exil. Ces chansons créées, enregistrées et diffusées depuis les bords de la Seine résonnent encore dans les cœurs de nombreux Français héritiers de l'immigration maghrébine, mais aussi dans le pays d'origine de ces artistes. Ce patrimoine culturel en partage sur les bords de la Méditerranée doit nous interpeller sur notre incapacité à prendre en compte la richesse de ces trajectoires individuelles dans notre mémoire collective», rapporte le document. Cependant, les signataires de ce document déplorent le fait que la presque intégralité du répertoire de la défunte soit uniquement disponible au dépôt légal de la Bibliothèque nationale de France. Aussi, le document rapporte que les archives photographiques du ministère de la Culture possèdent certains des plus beaux portraits de Noura, signés des studios Harcourt, classés aux côtés des inoubliables Jean Gabin ou Michèle Morgan. Par ailleurs, un dernier hommage a été rendu à Noura au Centre musical Fleury Barbara Goutte d'Or- 1 rue Fleury à Paris, jeudi dernier. Il a coïncidé avec le vernissage de l'exposition «Femmes en lutte : femmes, immigration et mobilisation des quartiers populaires», organisé par l'association Pangée Network. W. S. M.