Du 22 au 30 novembre, au Théâtre du Gymnase, le spectacle Barbès café enchantera les yeux et les oreilles des Marseillais. Lyon / De notre correspondant
Barbès Café arrive à Marseille. Non pas par le sud de la Méditerranée, mais via Paris, où le spectacle avait été créé en 2011, sur une idée originale de Méziane Azaïche, écrit en collaboration avec Naïma Yahi, mis en scène par Géraldine Benichou, avec à la direction musicale Nasredine Dalil. Le coordinateur étant Mohammed-Ali Allalou et la création vidéo de Aziz Smati. Méziane Azaïche avait créé Barbès Café au Cabaret Sauvage, à Paris. Après une tournée mémorable, notamment en Algérie, c'est au Gymnase que toute la troupe de Barbès Café posera ses valises pour présenter ce spectacle musical imprégné d'influences méditerranéennes. La fête, la musique, la danse, l'humour et l'émotion seront au rendez-vous grâce à l'orchestre de ce bar de banlieue, où nous convie chaque soir Lucette, la patronne française du bistrot Barbès Café. A travers ses souvenirs et ses anecdotes, se dessine l'histoire de l'immigration nord-africaine en France. Un hommage aux chanteurs, aux musiciens d'ici ou de là-bas et à la musique arabo-andalouse avec Lili Boniche, Salim Hallali, la grande Rimitti, impératrice du raï, Hanifa la «diva punk» kabyle, mais aussi Edith Piaf, Léo Ferré, Barbara… Un spectacle qui jongle avec bonheur entre musique, mémoire et actualité. Sur scène, on découvrira Nasredine Dalil (flûte et chant), Samira Brahmia (chant et guitare), Hafid Djemaï (chant et guitare), Annie Papin (chant et comédie), Salah Gaoua (chant et comédie), Malik Kerrouche (guitare), Maâmoun Dehane (batterie), Amar Chaoui (percussions), Hichem Takaoute (basse et chant), Rafik Korteby (clavier), Sarah Guem (danse). Des origines marquées par le blues de l'exil chanté dans les bars de Barbès ou de Belsunce à aujourd'hui, où le legs des anciens est défendu par une nouvelle génération d'artistes, comme faisant partie du patrimoine musical français. Le succès rencontré, les nombreux commentaires émanant du public et de la presse, les encouragements, mais aussi les critiques, ont montré à quel point ce spectacle sensible et émouvant répondait à une attente. Le public ne s'y est pas trompé, séduit par la forme faite de clins d'œil à la culture de l'immigration et par le propos, qui consiste à narrer les bons et les mauvais moments de l'histoire franco-algérienne. Quand les Français ont occupé l'Algérie en 1830, Arabes, Kabyles et juifs se partageaient villes et campagnes et c'est tout naturellement que les musiques, venues de ces trois horizons culturels, se sont mêlées et ont traversé la Méditerranée quand la France a fait appel d'abord aux soldats maghrébins, en 1914 ou en 1939, puis aux travailleurs immigrés venus participer à la reconstruction industrielle. Installés dans des cafés de Paris ou de Marseille, des musiciens, professionnels ou amateurs, faisaient entendre ces musiques qui transportaient avec elles un petit air de «là-bas», du pays, du bled, qui berçaient de nostalgie les soirées un peu tristes de ces hommes souvent seuls. La guerre d'indépendance qui ravagera l'Algérie entre 1954 et 1962 va, bien sûr, traverser les communautés algériennes de France, et la chanson d'amour ou d'exil va laisser parfois la place à la chanson politiquement engagée.