La lutte contre le terrorisme «doit être efficace et discrète», a déclaré, hier, le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Laurent Fabius, lors d'un point de presse organisé à Alger, à l'occasion de son premier jour de visite en Algérie. Tout en rappelant l'importance de l'expérience algérienne en matière de lutte armée contre le terrorisme, le chef de la diplomatie française a qualifié d'«allégations» les dernières informations faisant état du lancement d'une opération commando des troupes d'élite algériennes en Libye. «Nous avons été surpris par cette information qui n'est qu'allégations ne reposant sur aucun fondement», a-t-il insisté, au siège du ministère des Affaires étrangères. Son homologue algérien, Ramtane Lamamra, a lui aussi démenti formellement toute présence militaire algérienne sur le sol libyen où règne le chaos sécuritaire et l'instabilité politique depuis la chute du régime de Tripoli en septembre 2011, après neuf mois de rébellion contre l'ancien guide Mouammar Kadhafi. Néanmoins, les deux ministres ont réaffirmé que l'Algérie et la France ont une même approche concernant le traitement des questions liées à la sécurité régionale en Afrique du Nord et dans le Sahel. «L'analyse de l'Algérie et de la France est convergente voire identique sur les questions régionales. Nous sommes deux pays de paix qui travaillons pour la paix et la sécurité, attachés au développement de la sous-région et de tout le continent africain», a ajouté M. Fabius. Ramtane Lamamra a expliqué par ailleurs, concernant la Libye, que l'Algérie autant que la France et les membres de la communauté internationale pourraient «envisager tous les prolongements possibles» pour endiguer l'instabilité que vit ce pays. Laurent Fabius a expliqué que son pays travaille «côte à côte avec les autorités algériennes pour avoir une meilleure réponse» aux groupes djihadistes qui opèrent aussi bien en Libye que dans les pays du Sahel, comme le Mali. Evoquant en effet la situation sécuritaire dans les pays voisins, la Libye et le Mali, l'envoyé spécial du président français, François Hollande, en Algérie, pour discuter de la coopération algéro-française, a rappelé l'attachement des deux pays à la sécurité dans la région, mais la réponse à ce «mal absolu» qu'est le terrorisme, doit être aussi politique. C'est-à-dire, la stabilisation politique des pays voisins constitue un pas important dans la lutte contre les groupes rebelles qui pullulent en l'absence d'Etats forts et disposant suffisamment de moyens pour y faire face. Le chef de la diplomatie française a insisté aussi sur le rôle de «facilitateur» que joue et peut jouer l'Algérie dans le règlement politique de la crise malienne. Sans oublier la participation active de l'Algérie dans les discussions des organisations régionales comme la Communauté économique de développement des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao), pour régler le conflit à Bamako et les groupes indépendantistes des Touareg de l'Azawad, dans le nord-Mali. «Je rends hommage à l'Algérie pour son rôle pacificateur au Mali et dans la région», a indiqué aussi, Laurent Fabius. «La France n'a pas la prétention d'être le gendarme de tel ou tel pays» et «ne peut se substituer à la politique interne malienne», s'est-il défendu, en réponse à une question relative à la présumée aggravation de la situation au Mali suite à l'intervention militaire française dans ce pays fin 2013. Le chef de la diplomatie française a longuement insisté sur le fait que les interventions militaires françaises en Libye, au Mali et en Centrafrique, ont eu lieu à la demande de l'ONU et de l'Union Africaine. Selon lui, il fallait prendre une décision pour éviter que des génocides soient commis dans ces pays qui ont besoin d'un véritable appui, sur tous les plans, pour sortir de la spirale de la violence armée, peu importe son origine et les motivations politiques ou idéologiques des protagonistes. Le but des interventions armées servirait aussi, selon Laurent Fabius, à éviter toute contagion et débordement des conflits sur les pays voisins. Il a d'ailleurs tenu à saluer l'investissement de l'Algérie dans la sécurisation de ses frontières, chose qui n'est pas facile, vue l'immensité du territoire algérien, a-t-il concédé. Il a indiqué par ailleurs qu'à «long terme, la solution est que l'Afrique s'organise pour créer et disposer de sa propre force continentale armée pour intervenir rapidement» en cas de conflit. «Nous serons évidemment là pour apporter notre contribution en cas de besoin», a-t-il ajouté, que ce soit sur le plan militaire, financier ou matériel. L. M. Gaz de schiste et révision de la règle 51/49% sur les investissements étrangers : Fabius : «Je n'ai pas à m'ingérer dans ces débats» Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a estimé hier que son pays n'a pas à s'ingérer dans le débat public, concernant l'exploitation future du gaz de schiste en Algérie. Il a même rappelé que son pays n'a aucun pouvoir sur les multinationales pour leur dicter leur politique d'investissement. Son homologue algérien, Ramtane Lamamra a noté quant à lui qu'il «n'y aucune opposition marquée, me semble-t-il, puisque la loi sur le gaz de schiste vient d'être discutée et adoptée par l'Assemblée nationale à une majorité écrasante». Le ministre algérien des Affaires étrangères a noté par ailleurs que l'Algérie «est encore loin du choix des entreprises ou des partenaires» pour entamer le travail d'exploration, contrairement à ce qui est rapporté par les médias, que ce soit ici ou à l'étranger. Interrogé sur la fameuse règle 51/49 sur les investissements étrangers en Algérie, Laurent Fabius a répondu que l'Algérie est libre de décider des choix qui sauvegardent ses intérêts. «Je n'ai pas à m'ingérer», a-t-il martelé, souhaitant toutefois avoir «une forme de souplesse en matière de coopération économique» entre les deux pays, pour faciliter l'implantation des petites et moyennes entreprises françaises en Algérie. Il a également relevé que «la stabilité des règles pour l'investisseur étranger et leur respect», ainsi que «la rapidité des décisions» constituent un véritable écueil pour les entreprises de son pays qui hésite à tenter l'aventure en Algérie. Des difficultés qu'il souhaite voir disparaître, a-t-il conclu. L. M.