De notre correspondant à Constantine A. Lemili Depuis quelques jours, le directeur des services agricoles de la wilaya de Constantine oblige littéralement à un breafing quotidien ses collaborateurs, invités à actualiser constamment toutes les informations collectées dans le secteur. La cause ? La prochaine rencontre nationale sur l'agriculture, une rencontre qualifiée aussi de conférence nationale par des responsables locaux de l'UNPA, de la chambre d'agriculture et de la DSA, en ce sens que le président de la République devrait donner les lignes des grandes orientations de la future politique agricole. L'objectif est d'arriver à moins de dépendance extérieure dans le domaine agroalimentaire. La wilaya de Constantine, du fait de ses performances régulières en céréaliculture, semble bien placée pour incarner cette ambition nationale. La production exceptionnelle de l'année dernière avec 64 000 ha emblavés, et une production fourragère tout autant exceptionnelle qui a permis de fournir une solution un tant soit peu palliative à la raréfaction de l'aliment du bétail, et les 56 millions de litres de lait, ne peuvent que prêter à de l'ambition, beaucoup d'ambition même, jusqu'à considérer que «Constantine, en matière de céréaliculture, pourrait être choisie comme wilaya pilote de la politique agricole qui sera décidée. Tous les indicateurs plaident en sa faveur», estime M. Mechaer, cadre de la DSA chargé de la préparation du dossier. Cette revendication de leader national a, par voie de conséquence, incité les services de la DSA à revoir leurs prévisions pour 2009 même s'il n'y aura que 600 ha de plus. «Ce sera toujours 600 ha de plus même si le chiffre ne traduit pas fidèlement la réalité sur le terrain et les avantages en nature. Nous prévoyons, également, une augmentation de la production de lait de l'ordre de 6 millions de litres», soulignera notre interlocuteur qui ajoute : «Une telle performance est d'autant plus à souligner qu'elle est donnée en tenant compte de la nature même du climat actuel. Autrement dit, quelle que pourrait être la nature des impondérables, nous répondrons présents avec ses prévisions par leur matérialisation. Bien sûr, certaines difficultés existent, souvent d'ordre matériel, pour quelques agriculteurs, de petits agriculteurs dont la production vient en appoint au programme global. Ils sont estimés à 1 500. Nos services les accompagneront et essayeront de rattraper le retard enregistré car ils ne se sont pas pris à temps pour la campagne labours-semailles.» Par ailleurs, une opération d'assainissement du cheptel serait prévue pour l'année en cours. Elle viserait surtout à éloigner et à remplacer les bêtes qui ne produisent pas de lait en quantité et en qualité. L'autre satisfecit des cadres de la direction de l'agriculture se situe dans la réussite de la production de semences en quantité et en qualité. Cela a permis l'approvisionnement de beaucoup de wilayas du pays «jusqu'à l'Ouest», précisera M. Mechaer. L'unanimité est de mise aussi chez les responsables de l'UNPA, à la chambre d'agriculture et à la DSA sur la nécessité de textes réglementaires visionnaires, qui viendraient asseoir cette politique et consacrer de manière définitive la question de l'agriculture. Cela constituerait un substitut aux hydrocarbures ou, grâce à l'autosuffisance agroalimentaire éventuellement réalisée, permettrait de ne pas rogner sur une partie des entrées de cette manne naturelle nationale. Cela a bien été le cas, du temps où l'on disait que l'Algérie était le grenier de la France…et de l'Europe même.